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Zone Économique Spéciale de Kétou : que propose l’État béninois aux futurs investisseurs ?

Industrialisation, Bénin Exonérations fiscales, allègements douaniers, procédures simplifiées et proximité stratégique avec le Nigeria : en annonçant une nouvelle zone économique spéciale à Kétou, le régime de la Rupture déroule un tapis rouge aux investisseurs. Mais à quelles conditions ? Et pour quels objectifs ?

Plus de deux ans après l’adoption de la loi n°2022-38 du 03 janvier 2023, fixant le régime des zones économiques spéciales en République du Bénin — applicable depuis le 1er avril 2023 et modifiant celle de 2017 —, l’exécutif béninois, avec l’annonce d’une zone économique spéciale (ZES) dans la ville de Kétou, ajoute une pièce maîtresse à sa politique d’industrialisation par l’investissement privé. Adoptée en Conseil des ministres le mercredi 23 juillet 2025, la déclaration d’utilité publique d’un site de 983 hectares dans la localité d’Illara à Ketou ouvre la voie à la création d’un hub industriel frontalier, pensé pour séduire les entreprises exportatrices — et capter l’énergie du géant voisin nigérian.

Dans les cartons, selon les dispositions de la loi adoptée par l’Assemblée nationale en sa séance du 8 décembre 2022, des exonérations fiscales pouvant aller jusqu’à 17 ans, une dispense quasi totale de droits de douane sur les intrants et équipements industriels, des procédures d’import-export allégées et, surtout, un accès naturel à l’un des marchés les plus dynamiques du continent.

Une plateforme industrielle aux portes du Nigeria

Adossée à la frontière, la ZES de Kétou s’annonce comme un point d’ancrage stratégique pour la transformation de produits agricoles à forte valeur ajoutée, notamment les céréales, très prisées sur le marché nigérian. Mais c’est bien l’ambition d’un corridor économique intégré que sous-tend le projet : faire de Kétou un hub de production sous juridiction béninoise, mais à destination prioritaire du Nigeria.

Ce choix n’est pas anodin. Dans un contexte où Lagos se débat avec une congestion chronique et où Abuja resserre les vis réglementaires, le gouvernement du président Patrice Talon joue la carte de la stabilité et de la fluidité, capitalisant sur la bonne relation avec le régime de Bola Tinubu et sur un cadre d’investissement modernisé.

Trois régimes, un objectif : maximiser l’investissement productif

Le régime juridique des ZES béninoises, applicable aux futurs investisseurs de Kétou, repose sur une architecture tripartite, adaptée à différents profils d’investisseurs. Tous bénéficient d’un socle d’avantages significatifs.

Selon la loi N° 2022 – 38, il s’agit notamment d’une exonération totale des droits et taxes à l’entrée sur les équipements industriels, véhicules utilitaires et pièces de rechange spécifiques, dans une limite déterminée ; de l’annulation de l’impôt sur les sociétés pendant 12 à 17 ans, selon le régime ;
de l’absence de taxation sur les exportations hors du territoire douanier ; de réductions substantielles sur les charges patronales, avec jusqu’à 80 % d’allègement selon le type d’agrément ; de procédures douanières simplifiées et de la possibilité de transferts de biens entre entreprises installées dans la zone sans fiscalité intermédiaire.

En clair, le Bénin offre aux investisseurs ce que beaucoup recherchent ailleurs sans toujours le trouver à savoir de la visibilité, de la souplesse et un rendement fiscal optimisé.

Des incitations sous conditions

Mais les avantages ont leur contrepartie. Pour obtenir un agrément, les entreprises doivent s’engager à créer au moins 80 % d’emplois directs au bénéfice des nationaux, et à mener des activités de transformation, d’assemblage ou de valorisation des ressources locales. Le régime le plus avantageux prévu par la loi de 2023 est réservé aux opérateurs capables de réaliser 80 % de leur chiffre d’affaires à l’export. « Seuls les projets reconnus comme stratégiques peuvent bénéficier d’une dérogation partielle à ces exigences, sur décision du Conseil des ministres », nous précise notre spécialiste à la rédaction.

La ZES de Kétou ne sort donc pas de nulle part. Elle s’inscrit dans un programme plus large qui voit émerger, depuis quelques années, un réseau de zones à vocation productive : Glo-Djigbé pour l’industrie textile et l’agro-export, Sèmè pour la logistique portuaire, et désormais Kétou (illara) pour l’agro-industrie régionale.

Le pari est de décentraliser la croissance industrielle, tout en capitalisant sur les logiques d’intégration régionale. Et avec un Nigeria parfois imprévisible sur le plan douanier, le Bénin se positionne en alternative crédible, souple et juridiquement stable.

Si plusieurs habitants de la commune perdront leurs terres dans la libération des 983 hectares, le signal politique est limpide : le Bénin veut industrialiser ses marges territoriales. Et il compte sur le secteur privé pour y parvenir. À condition, pour ce dernier, de s’inscrire dans le jeu du développement national. Une ligne de crête entre libéralisme assumé et souveraineté industrielle

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