Performance, La Marina BJ – Le paysage bancaire béninois continue sa mutation. En 2024, la Banque Internationale pour l’Industrie et le Commerce (BIIC) et Bank of Africa (BOA) maintiennent leur domination, mais l’ascension de NSIA Banque Bénin, qui s’empare de la troisième place nationale au détriment de Coris Bank International, illustre les recompositions en cours.
Les chiffres provisoires de la Commission bancaire de l’UEMOA, consultés par La Marina BJ, révèlent que les banques béninoises affichaient au 31 décembre 2024 un total de bilan consolidé de 6 951,9 milliards de FCFA, contre 6 410,7 milliards en 2023. Soit une progression de près de 541 milliards en un an, dans un contexte où l’ensemble des 135 établissements bancaires de l’Union cumulent un encours global de 71 057 milliards de FCFA.
Ce rythme de croissance conforte le Bénin comme un acteur en expansion au sein du marché régional, porté à la fois par la solidité de ses leaders et la montée de challengers ambitieux.
BIIC et BOA : les deux piliers
Avec un total de bilan de 1 511,9 milliards de FCFA, la BIIC reste de loin la première banque du pays, consolidant son statut de 12ᵉ acteur bancaire régional. Elle confirme son rôle central dans le financement de l’économie béninoise, notamment à travers un portefeuille de crédits de 847,9 milliards et des dépôts de 929,7 milliards.
Derrière, la Bank of Africa (BOA) Bénin conserve la deuxième place nationale, avec 939,1 milliards de FCFA de bilan, et occupe le 22ᵉ rang régional. L’enseigne, filiale du groupe marocain BMCE, poursuit une croissance maîtrisée, soutenue par la confiance de ses déposants (734,3 milliards de dépôts) et un volume de crédits de 407,6 milliards.
NSIA Banque Bénin crée la surprise
La véritable actualité du classement 2024 réside dans la percée de NSIA Banque Bénin. Avec un bilan de 792,7 milliards de FCFA, l’établissement, filiale du groupe ivoirien NSIA, arrache la troisième place nationale à Coris Bank International Bénin, reléguée au 4ᵉ rang.
Ce basculement n’est pas anodin. En 2023, NSIA occupait encore la 4ᵉ position avec 676,4 milliards, derrière Coris (769,3 milliards). En un an, la banque a enregistré une croissance de plus de 116 milliards de FCFA, grâce « à une politique de diversification de ses services et à un positionnement de plus en plus affirmé sur le financement des PME et des projets structurants », confie une source proche de l’institution. Avec des dépôts de 380,9 milliards et un encours de crédits de 429,2 milliards, NSIA démontre sa capacité à attirer l’épargne tout en renforçant sa présence sur le terrain du crédit productif.
Dans les détails de l’exercice 2024, la Coris Bank International Bénin, filiale du groupe burkinabè Coris Holding, enregistre un bilan de 771,7 milliards de FCFA, légèrement supérieur à son niveau de 2023 (769,3 milliards). Mais cette progression marginale n’a pas suffi à contenir l’offensive de NSIA.
Avec 419,7 milliards de dépôts et 346,4 milliards de crédits, Coris conserve une base solide, mais semble ralentir sa dynamique face à une concurrence plus agressive. Le duel perdu face à NSIA illustre les limites de sa progression sur un marché béninois où la segmentation et l’innovation deviennent décisives.
Les autres acteurs en embuscade
En 5ᵉ position, Ecobank Bénin affiche un bilan de 751,6 milliards de FCFA, se maintenant dans le top 30 régional (28ᵉ place). Suivent UBA Bénin (454,9 milliards, 6ᵉ nationale), la BSIC (383,9 milliards), Orabank Bénin (336,6 milliards), la Banque Atlantique Bénin (317,3 milliards) et BGFIBank Bénin (303,9 milliards).
En bas de classement, la Société Générale Bénin, rachetée l’année dernière par l’État béninois, occupe désormais la 11ᵉ place nationale avec 278,1 milliards de bilan, enregistrant un recul préoccupant, loin derrière ses concurrents directs. Elle devance toutefois BANGE Bank Bénin (ex-CCEI), 12ᵉ avec 44,9 milliards, la CBAO – Groupe Attijariwafa bank, succursale du Bénin (13ᵉ, 41,2 milliards) et la Société Nigérienne de Banque, succursale du Bénin (14ᵉ, 24 milliards).
Le classement 2024 en terme de bilan confirme la domination des grands acteurs (BIIC et BOA), mais met surtout en lumière la capacité de certains challengers à se repositionner. L’exemple de NSIA Banque Bénin, qui déloge Coris de la troisième place, traduit une dynamique de compétitivité accrue. Pour le Bénin, cette recomposition témoigne de la vitalité du secteur bancaire, qui gagne en profondeur et en diversité, tout en renforçant sa visibilité dans un espace UEMOA de plus en plus concurrentiel.
