Patrimoine public, La Marina BJ– Conformément aux annonces faites lors du Conseil des ministres du 30 juillet 2025, le Secrétariat général du gouvernement a rendu publics, le 9 septembre, deux décrets signés par le président Patrice Talon relatifs à la réaffectation de biens fonciers de l’État. Le premier concerne l’attribution à la Société de Gestion des Déchets et de la Salubrité (SGDS SA) d’un terrain stratégique situé dans le quatrième arrondissement de Cotonou. Le second, acte le transfert à Ouidah d’un domaine de l’État destiné à renforcer le capital de la Société de Production Audiovisuelle SA.
Deux décisions différentes, mais qui traduisent une même orientation de transformer le foncier public en levier d’investissement structurant. En savoir plus
Un nouveau centre de tri pour moderniser la gestion des déchets
Le décret n°2025-488, cosigné par José Tonato, ministre du Cadre de vie et des Transports chargé du Développement durable, et Romuald Wadagni, ministre d’État chargé de l’Économie et des Finances, affecte à la SGDS SA 1 hectare 26 ares du domaine public de l’État, inscrit sous le titre foncier n°617 et situé à Akpakpa, dans le quatrième arrondissement de Cotonou.
Ce terrain doit accueillir un centre de transfert moderne équipé d’une unité semi-mécanisée de tri des déchets. Selon nos informations, l’enjeu est d’améliorer la chaîne de valorisation et de traitement des ordures, dans un contexte où la croissance urbaine de Cotonou accentue les défis environnementaux et logistiques. Le décret insiste sur le respect des normes de construction et de protection de l’environnement, traduisant la volonté de l’exécutif d’inscrire ce projet dans une logique de durabilité.
L’audiovisuel renforcé par un apport foncier à Ouidah
Parallèlement, le décret n°2025-489 porte sur une autre opération : l’attribution en pleine propriété du domaine de l’État, immatriculé sous le titre foncier n°581 de Ouidah, à la Société de Production Audiovisuelle SA. Contrairement au cas de Cotonou, il s’agit ici d’un apport en nature au capital social de l’entreprise publique.
Selon l’article 2 du décret, cette opération se traduit par une augmentation de capital dans la limite de deux milliards de francs CFA, sous réserve d’une évaluation indépendante menée par le commissaire aux apports. En son article 3, le texte précise que le ministre de l’Économie et des Finances est chargé de finaliser les formalités d’inscription au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM). Cette initiative s’inscrit dans une dynamique plus large de professionnalisation de l’industrie audiovisuelle béninoise, un secteur que l’exécutif entend positionner comme levier culturel et économique, tant sur le plan national que régional.
Ces deux réaffectations illustrent la stratégie du gouvernement de la rupture consistant à mobiliser le patrimoine foncier de l’État comme outil de modernisation. À Cotonou, il s’agit de répondre à un défi environnemental pressant qu’est la gestion des déchets dans une ville qui concentre plus de 15 % de la population nationale. À Ouidah, l’ambition est de renforcer une filière culturelle appelée à prendre une place croissante dans l’économie numérique et créative du pays.