Institutions & Gouvernance, La Marina BJ – Moins de deux ans après sa création, la Société de la Logistique des Évènements (SoLE S.A.) se voit confier un pouvoir inédit : celui de déroger aux règles classiques de passation des marchés publics. Une décision entérinée par décret présidentiel le 30 juillet 2025, qui consacre son rôle central dans l’appareil logistique de l’État béninois, mais qui alimente aussi un débat sur l’équilibre entre efficacité et transparence.
La SoLE, instituée en novembre 2023, est l’une des dernières structures emblématiques du régime de la rupture. Placée sous la tutelle du ministère du Tourisme, de la Culture et des Arts, elle a pour mission d’assurer la logistique des manifestations officielles, de gérer des édifices publics confiés par l’État, mais aussi de proposer ses services au secteur privé. Dès ses débuts, selon nos informations, la nécessité d’une flexibilité opérationnelle avait été soulignée à plusieurs reprises. Car dans l’évènementiel, l’imprévu est la règle : un défilé national, un sommet diplomatique ou un concert de grande ampleur ne se gèrent pas avec les délais administratifs traditionnels.
La dérogation présidentielle
C’est précisément pour répondre à cette contrainte que le président Patrice Talon a signé, le 30 juillet 2025, un décret autorisant la SoLE à appliquer des procédures d’achats dérogatoires. Le texte habilite l’entreprise publique à s’affranchir du Code des marchés publics pour toutes les acquisitions directement liées à ses missions.
Concrètement, le décret fixe les seuils suivants : pour les acquisitions de moins de 250 millions FCFA, la SoLE peut agir sans autorisation préalable ; au-delà de ce montant, une validation obligatoire par un comité ad hoc est requise. Les marchés relatifs au fonctionnement courant – mobilier, fournitures de bureau, prestations intellectuelles – demeurent, eux, soumis aux procédures classiques.
Une souplesse sous surveillance
Cette « carte blanche » n’est toutefois pas illimitée. Le décret institue un contrôle annuel a posteriori par la Direction nationale de contrôle des marchés publics. Les rapports devront être transmis directement au président de la République et au ministre des Finances. L’objectif est de s’assurer que la dérogation, conçue pour accélérer les acquisitions, ne devienne pas une zone d’ombre budgétaire.
Mais dans un contexte où la transparence de la commande publique reste un sujet sensible au Bénin, cette clause de contrôle suffira-t-elle à apaiser les craintes ? Selon notre spécialiste à la rédaction, cette réforme représente une avancée pragmatique. La SoLE, bras logistique de l’État, doit pouvoir répondre à la demande avec rapidité. « L’évènementiel ne tolère pas les lenteurs administratives », insiste-t-il.