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Bénin – Forêts communales : le PAGEFCOM dépasse ses cibles sociales mais bute sur l’écologie

Environnement, La Marina BJHuit ans après son lancement, le Programme d’aménagement et de gestion des forêts communales (PAGEFCOM II), appuyé par la Banque africaine de développement (BAD), vient de livrer son ultime verdict à travers le rapport d’exécution et de résultats (EER) publié le 9 septembre 2025. Avec un taux d’exécution physique de 95 %, l’initiative a profondément transformé la gouvernance forestière locale et consolidé l’expertise nationale. Pourtant, derrière ces acquis indéniables, un constat amer s’impose : l’échec des mécanismes carbone et des ambitions de reboisement.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Lors d’une mission de la BAD en décembre 2024, les experts ont constaté une dynamique sans précédent : plus de 25 000 hectares de plantations privées recensés, soit 138,9 % de l’objectif initial de 20 000 hectares. Les filières de produits forestiers non ligneux – miel, karité, poisson ou encore gibier – se sont professionnalisées, offrant de nouvelles sources de revenus aux communautés rurales. La sensibilisation a touché près de trois fois plus de bénéficiaires que prévu, tandis que l’administration forestière, longtemps pointée du doigt pour sa lourdeur, s’est modernisée. Désormais, plusieurs services – coupons, laisser-passer – sont accessibles en ligne.

Ces avancées traduisent, selon les experts, un fait majeur : le projet a su convaincre les populations de valoriser leurs ressources locales tout en renforçant la capacité de pilotage de l’État.

Un désert écologique

Mais le revers du tableau est saisissant. Aucun hectare de forêt classée n’a été enrichi, aucun guichet environnemental n’est opérationnel, aucune plantation n’a été éligible au crédit carbone. L’innovation phare promise, le mécanisme de Paiement pour Services Environnementaux (PSE), n’avait toujours pas vu le jour à la clôture du projet.

Le rapport précise que « Le Gouvernement a changé la politique de mobilisation de fonds environnementaux.». Mais la stratégie de mise en œuvre des guichets de PSE a été élaborée et validée et que les documents ont été transmis à la Direction générale des Eaux, Forêts et Chasse (DGEFC). Quant à l’ambition de reboiser 100 000 hectares, elle reste purement théorique mais selon nos informations une action est en préparation (Lire LMBJ DU 19/09/2025).

À l’heure où la finance carbone s’impose comme levier stratégique dans la lutte contre le changement climatique, ce retard du côté du PAGEFCOM II fragilise la crédibilité du pays sur la scène internationale. Le rapport met en lumière un paradoxe : projet socialement et institutionnellement réussi, le PAGEFCOM II se révèle écologiquement stérile.

Alors que le pays affiche son alignement sur les Objectifs de développement durable et ambitionne de capter davantage de financements climat, ce bilan fait figure d’avertissement. Sans résultats tangibles sur le carbone et le reboisement, les succès sociaux du PAGEFCOM risquent de s’avérer fragiles et difficilement reproductibles. En d’autres termes, avec PAGEFCOM II le Bénin a réussi à mobiliser ses populations, mais pas encore la planète.

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