Économie & Climat, La Marina BJ – Deux mois après l’annonce de l’approbation d’un financement de 30,25 millions de dollars ( Lire LMBJ du 28/07/2025), la Banque africaine de développement (BAD) a rendu public, le 29 septembre 2025, le rapport d’évaluation détaillé de son nouveau programme destiné au secteur agricole béninois. Baptisé Projet de renforcement de la résilience et de la gestion des risques climatiques du secteur agricole au Bénin (PReRAB), ce plan quinquennal (2025–2029) place la sécurité alimentaire et la protection des producteurs face aux aléas climatiques au cœur de son dispositif.
Le rapport de 44 pages dévoile l’architecture opérationnelle du projet, articulée autour de quatre axes principaux. Tout d’abord, le renforcement des capacités institutionnelles et opérationnelles (1,56 milliard FCFA), comprenant l’acquisition d’équipements agrométéorologiques, la formation d’acteurs publics et privés aux mécanismes d’assurance agricole, ainsi que l’élaboration de plans locaux d’adaptation aux changements climatiques. Ensuite, le soutien direct aux communautés agricoles du Nord, notamment dans l’Alibori et l’Atacora (5,66 milliards FCFA), par la diffusion de pratiques agricoles « climato-intelligentes », la mise à disposition d’équipements post-récolte, la restauration de 500 hectares de terres dégradées et la distribution de 2 000 kits de production hors-sol.
Vient ensuite la promotion des mécanismes de transfert de risques (15,98 milliards FCFA), combinant une assurance souveraine contre la sécheresse et les inondations, et une micro-assurance agricole indicielle visant à couvrir environ 150 000 petits producteurs, dont 30 % de femmes et 30 % de jeunes.
Enfin, la coordination et le suivi-évaluation (1,117 milliard FCFA) seront assurés par une cellule d’exécution placée sous l’égide du ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, avec la participation du Programme alimentaire mondial (PAM) pour certaines activités en zones fragiles.
Des bénéfices économiques et sociaux attendus
Selon les projections économiques, le projet devrait générer un taux de rendement interne de 15,9 % sur vingt ans, supérieur au seuil de viabilité fixé par la BAD. Les gains escomptés incluent une hausse de la productivité agricole de 15 à 20 % dans les filières ciblées, une stabilisation des revenus des ménages ruraux et une réduction des pertes économiques liées aux catastrophes climatiques, estimées à plus de 200 milliards FCFA si rien n’était entrepris.
Au-delà des chiffres, l’impact social est considérable : environ 500 000 personnes bénéficieront d’une couverture de macro-assurance, tandis que les indemnisations prévues en cas de sinistre devraient prévenir les mécanismes d’adaptation négatifs (vente forcée d’actifs, mariages précoces, migrations contraintes). Le rapport insiste également sur la dimension genre, avec un quota de 35 % de participation féminine dans toutes les initiatives du projet.
Un levier de stabilité pour le Nord Bénin
Les départements septentrionaux, particulièrement exposés aux sécheresses, aux inondations et aux pressions sécuritaires venues du Sahel, concentrent l’essentiel des interventions. En renforçant la résilience agricole, l’initiative vise aussi à prévenir l’escalade des tensions sociales liées à la rareté des ressources et à la transhumance non maîtrisée. L’agriculture hors-sol et les plans locaux de contingence figurent parmi les solutions innovantes mises en avant pour concilier sécurité alimentaire et cohésion communautaire.
« Le risque principal identifié est d’ordre technique, lié à l’introduction de l’assurance climatique au Bénin, un mécanisme encore peu expérimenté dans le pays », indique le rapport, qui mentionne également un risque politique jugé faible et un risque sécuritaire persistant dans les régions de l’Atacora et de l’Alibori, zones cibles du projet, en raison de l’instabilité régionale. Mais ce risque est jugé maîtrisable grâce au partenariat avec le PAM, qui pilotera la deuxième composante du projet en s’appuyant sur les dispositifs de sécurité des Nations unies.