Financement, La Marina BJ – L’appétit pour le crédit reste vif au Bénin. Sur la période avril-juin 2025, les établissements bancaires ont mobilisé 2 720 milliards de FCFA de prêts, selon les dernières données de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Derrière cette masse financière, un constat limpide : le tissu productif béninois s’appuie davantage sur le commerce, les services et les chantiers publics que sur les activités agricoles ou industrielles.
Le secteur Commerce, hôtellerie et restauration absorbe à lui seul près d’un tiers des crédits de court terme, soit 245,73 milliards de FCFA à fin juin 2025, dont 179,456 milliards sont destinés au commerce de gros. Une domination qui s’explique par la nature même de l’économie béninoise, centrée sur le négoce régional – Cotonou restant une plaque tournante pour les flux commerciaux entre le Nigeria, le Niger et le Togo.
Cette dynamique illustre une vitalité entrepreneuriale certaine, mais aussi une fragilité structurelle : une forte dépendance au commerce import-export, donc à la conjoncture régionale et à la santé du corridor Cotonou-Niamey, toujours affecté par la crise diplomatique bénino-nigérienne.
Les BTP surfent sur l’investissement public
Avec 111,656 milliards de FCFA de crédits de trésorerie et 305,9 milliards à moyen et long termes, le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) s’impose comme le second pôle bancaire du pays. Porté par les programmes d’infrastructures du Programme d’Action du Gouvernement (PAG 2021-2026) – routes, ouvrages hydrauliques, logements sociaux –, le BTP bénéficie d’un flux constant de financements, preuve de la confiance du secteur bancaire dans la commande publique.
Mais cette forte exposition au financement public pose question. « La soutenabilité de la dette interne et la capacité du secteur privé à maintenir l’activité une fois les projets d’État ralentis restent des points de vigilance », souligne notre spécialiste à la rédaction.
Les services financiers et immobiliers dominent le long terme
Sur le terrain des crédits à moyen et long termes, le leadership revient également aux assurances, services aux entreprises et affaires immobilières, avec 277,75 milliards de FCFA à fin juin 2025.
À cela s’ajoute la montée en puissance des services collectifs et sociaux, qui totalisent 684,746 milliards de FCFA – un volume en progression continue, révélateur de l’ancrage des investissements dans les secteurs sociaux et institutionnels.
Ce glissement du crédit vers le tertiaire traduit l’émergence d’une économie de services, structurée autour des pôles financiers, de l’immobilier urbain et de l’économie numérique.
Selon notre spécialiste à la rédaction, « Il confirme également la solidité du système bancaire béninois, dont la distribution de crédits demeure stable, bien diversifiée et alignée sur les priorités économiques du pays. »
L’agriculture : éternelle promesse du financement inclusif
En revanche, l’agriculture, la sylviculture et la pêche stagnent autour de 53 milliards de FCFA, tant en court qu’en long terme. Une proportion marginale – à peine 3 % des encours totaux – malgré les multiples dispositifs de financement agricole mis en place ces dernières années par le gouvernement du président Patrice Talon.
Ce faible accès au crédit reste le point faible d’une économie où près de 70 % de la population active dépend encore du monde rural. « Les banques invoquent souvent la faible bancarisation, la saisonnalité des revenus et l’absence de garanties fiables », explique notre spécialiste à la rédaction, tandis que le gouvernement tente, via le Fonds National de Développement Agricole (FNDA) et les mécanismes de garantie, de réconcilier finance et agriculture.
En agrégeant les chiffres, la BCEAO dessine le portrait d’un pays en pleine transformation, où la bancarisation progresse mais reste concentrée sur les segments solvables. Le financement reflète ainsi un capitalisme béninois à deux vitesses. D’un côté, des secteurs urbains formalisés (commerce, immobilier, BTP) qui attirent massivement les capitaux ; de l’autre, un secteur primaire essentiel mais toujours à la périphérie du système bancaire.