Diplomatie, Bénin – Le 23 septembre 2024, l’Union Nationale des Diplomates du Bénin (UNADIB) a publié un communiqué dans lequel elle dénonce fermement des pratiques répressives et illégales émanant du cabinet du ministère des Affaires Étrangères.
L’UNADIB accuse le ministre Olushegun Adjadi Bakari de recourir à des méthodes de surveillance illicite et de représailles à l’encontre des membres de l’organisation syndicale.
Une surveillance clandestine dénoncée
Dans ce communiqué, l’un des points centraux porte sur un enregistrement audio clandestin réalisé lors de l’Assemblée Générale de l’UNADIB, tenue le 5 septembre 2024. Lors de cette réunion, les participants ont discuté de la situation socioprofessionnelle du personnel diplomatique. Selon l’UNADIB, la preuve de cette surveillance illégale repose sur le fait que le ministre Olushegun Adjadi Bakari a convoqué le Vice-Président de l’Union à son bureau et lui a fait écouter cet enregistrement, obtenu à l’insu des participants.
En outre, l’Union souligne que cette action viole gravement le droit de réunion pacifique. Elle rappelle également que l’enregistrement d’une réunion sans l’accord des participants constitue une infraction claire à la loi. “L’enregistrement d’une réunion sans le consentement des participants et son utilisation à des fins de répression constituent une surveillance illicite”, précise le communiqué, rappelant que cette pratique enfreint les dispositions du Code Pénal et du Code Numérique du Bénin.
Des demandes d’explication sous pression
De plus, l’UNADIB accuse le cabinet du ministère de mener des actions répressives ciblées contre les membres de son Bureau Exécutif. “Le Vice-Président de l’Union a subi un interrogatoire sous pression”, déclare l’Union, critiquant avec force l’utilisation de cet enregistrement clandestin pour intimider les représentants syndicaux. Par ailleurs, le Secrétaire Général du ministère, M. Franck Armel AFOUKOU, a également exigé des explications du Vice-Président de l’UNADIB dans des circonstances que l’Union juge abusives.
Ainsi, l’Union considère ces actions comme une tentative délibérée de réduire au silence les voix critiques au sein du ministère. “Afin de museler toute voix discordante et toute forme de contestation, l’administration a orchestré une campagne punitive, distribuant massivement des demandes d’explication”, poursuit le communiqué. Ces actions, toujours selon l’UNADIB, visent clairement à instaurer un climat de répression généralisée.
Par ailleurs, l’UNADIB ne se limite pas à dénoncer la surveillance. Elle pointe également de graves violations des droits syndicaux. En effet, elle accuse le ministère d’enfreindre les Conventions 87, 98 et 154 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), qui garantissent la liberté syndicale et promeuvent un dialogue social sincère. Ainsi, l’UNADIB exhorte les autorités à respecter les engagements internationaux pris par le Bénin en matière de droits syndicaux.
L’UNADIB exprime également sa profonde inquiétude face aux pressions croissantes exercées sur les diplomates qui ont dénoncé des cas de mauvaise gouvernance et de manipulations dans le cadre du redéploiement diplomatique de 2024. À la suite de l’Assemblée Générale, le cabinet du ministre a immédiatement envoyé des demandes d’explication à un grand nombre de diplomates, ce qui, d’après l’Union, renforce la suspicion d’une campagne répressive.
Des méthodes jugées rétrogrades
Enfin, dans des termes particulièrement sévères, l’UNADIB compare les méthodes actuelles du ministère à celles employées lors des périodes les plus sombres de l’histoire politique du pays. “Ces pratiques rétrogrades, dignes de l’époque infâme de notre histoire politique, doivent être fermement condamnées”, martèle le communiqué. L’Union exige la fin immédiate des représailles contre les voix dissidentes et appelle à un retour à un climat de dialogue pacifique au sein du ministère.