✓LAÏCITÉ
Le jeudi prochain, la Cour constitutionnelle tiendra une audience publique qui pourrait marquer un tournant dans la liberté de culte au Bénin. L’affaire oppose deux branches de l’Église du Christianisme Céleste : l’Église du Christianisme Céleste, site historique de Houngon Godro, et la branche principale de cette même église. La nouvelle requête, introduite par Noël N. Djossou et d’autres requérants, vise à obtenir l’exécution de la décision DCC 23-265 rendue par la Cour constitutionnelle le 21 décembre 2023. Cette décision, favorable aux dissidents, avait invalidé les arrêtés des autorités locales qui interdisaient le pèlerinage annuel sur le site de Houngon Godro.
Retour sur les faits
Tout a commencé le 8 décembre 2023, lorsque Noël N. Djossou reçoit un appel du commissaire de Sèdjè-Denou l’invitant à se présenter de toute urgence au commissariat. Pensant à des consignes de sécurité pour leur pèlerinage annuel, Djossou délègue le pasteur Barthélemy Yakassou pour répondre à l’appel. À son arrivée, Yakassou se voit notifier l’interdiction du pèlerinage, un document transmis par le directeur départemental de la police républicaine du département de l’Atlantique, suivant les instructions du préfet, et fondé sur une lettre du révérend pasteur Bennett Benoît Akande Adeogoun. Ce dernier, à la tête de l’église principale, avait alerté les autorités sur des risques de troubles à l’ordre public.
Une interdiction contestée
Le représentant des dissidents, surpris par cette interdiction, plaide une confusion. Depuis douze ans, le pèlerinage se déroule sans incident, attirant des milliers de fidèles du monde entier. Le pasteur Yakassou argumente que le risque de troubles est inexistant, les deux branches de l’église célébrant leurs pèlerinages en des lieux différents. Malgré ces explications, le commissaire a fait signer à Yakassou un procès-verbal de notification sans lui en délivrer copie, invoquant la confidentialité du document.
L’Église du christianisme Céleste, site historique de Houngon Godro, insiste sur son droit à la liberté de culte, un droit garanti par l’article 23 de la constitution béninoise. La cour, dans sa décision du 21 décembre 2023, avait donné raison aux dissidents, déclarant contraires à la constitution les interdictions émises par le préfet et le ministre de l’Intérieur.
La nouvelle bataille juridique
L’audience du 4 juillet sera déterminante. Noël N. Djossou et ses co-requérants cherchent à faire respecter la dernière décision de la cour pour assurer que le prochain pèlerinage se déroule sans entrave. Sont attendus à cette audience les représentants du ministère de l’intérieur et de la sécurité publique, le préfet de l’Atlantique, le commissaire de Sèdjè-Denou et l’agent judiciaire de l’État.
Le verdict de la cour pourrait avoir des implications majeures pour la liberté de culte au Bénin, un pays où le laïcisme est inscrit dans les fondements mêmes de la république. En attendant, les fidèles de Houngon Godro espèrent pouvoir célébrer leur foi en paix, comme ils le font depuis plus d’une décennie.