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Procès du navire échoué à Fidjrossè : Deux officiers de la marine face à des accusations d’abus de fonction

Justice, BéninCe mercredi 14 août 2024, la première audience de la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) dans l’affaire dite du navire échoué à Fidjrossè a apporté davantage d’éclaircissements sur les accusations portées contre deux hauts gradés de la marine béninoise. Ces officiers se retrouvent accusés d’abus de fonction dans le cadre d’activités illégales liées à ce navire. Dès le début de l’audience, ils ont plaidé non coupable.


Pour rappel, le navire identifié SPSL UDEME, battant pavillon nigérian, s’est échoué sur les côtes de Fidjrossè le 30 juin 2024, transportant près de 240 000 litres de gasoil. Cet incident a rapidement soulevé des soupçons de contrebande, entraînant l’arrestation de quatorze membres d’équipage tous nigérians et de quatre Béninois, dont les deux officiers de la marine.

Lors de l’audience d’aujourd’hui, ces deux officiers , un ancien commandant de la base navale de Cotonou et un capitaine de vaisseau, ont été confrontés à des accusations graves d’abus de fonction et de complicité dans des activités illégales. Selon le ministère public, ils auraient sciemment permis au navire de poursuivre ses opérations illicites en toute impunité.

Abus de fonction, complicité et violation des règles maritimes : les enjeux du procès

Le parquet spécial, représenté par le deuxième substitut Yélinest Ahouéya, a souligné l’importance de traiter cette affaire avec la plus grande rigueur. À ce titre, le ministère public a présenté un rapport d’expertise sur le navire SPSL UDEME. Ce rapport conclut que la présence du navire sur les côtes de Fidjrossè constitue un danger imminent pour la population locale ainsi que pour l’écosystème marin.

Il est précisé que toutes les tentatives de déséchouement du navire ont échoué, rendant nécessaire son démantèlement pour éviter une catastrophe écologique. Le rapport ajoute que les activités du navire étaient en grande partie illégales, opérant en mode “obscur” dans les eaux béninoises, ce qui suggère des actes de contrebande. Selon les arguments du parquet, les deux officiers accusés auraient utilisé leur position pour faciliter l’entrée du navire sur les côtes béninoises, en violation des lois maritimes. Cette complicité présumée met en lumière des abus de fonction qui compromettent gravement la sécurité maritime du Bénin.

Les avocats de la défense, Maîtres Hugo Koukpolou et Raphaël Hounvènou, ont riposté en remettant en question la validité des preuves présentées par le ministère public. Ils ont notamment dénoncé l’absence de débat contradictoire sur le rapport d’expertise utilisé pour incriminer leurs clients. L’avocat de la défense Raphaël Hounvènou a souligné que ce procès semblait se dérouler avec une précipitation qui pourrait compromettre la justice.

Une première mesure du juge : le démantèlement ordonné

À la fin de l’audience de ce mercredi, le juge a rendu une première décision cruciale : le navire SPSL UDEME sera démantelé. Cette mesure, demandée par le ministère public en raison de l’urgence environnementale, sera cependant financée uniquement par le propriétaire du navire, et non par les prévenus. Cette décision laisse néanmoins en suspens la question de la responsabilité pénale des officiers impliqués et des autres prévenus, qui reste à déterminer lors de la prochaine audience prévue pour le 7 novembre 2024.

L’audience d’aujourd’hui marque un tournant dans cette affaire, révélant les dessous d’une potentielle corruption au sein de la marine béninoise. Ce procès, au-delà des faits de contrebande, interroge la transparence et l’intégrité des institutions sécuritaires du pays.


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