Justice, Bénin – Hier, à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), s’est tenue une série d’auditions dans l’affaire de tentative présumée de coup d’État impliquant Olivier Boko, homme d’affaires influent et désormais ex proche du président Patrice Talon, et l’ex ministre des Sports Oswald Homeky.
Les deux accusés, en garde à vue depuis une semaine, ont été amenés tôt dans la matinée d’hier pour une série d’auditions placées sous haute sécurité. Depuis le début de cette affaire, les avocats d’Olivier Boko et d’Oswald Homeky n’avaient pas été autorisés à rencontrer leurs clients, une situation régulièrement dénoncée par la défense. Hier, cette restriction a été levée. Me Pacôme KOUNDE, Me Yabit Timoté, Me Charlos AGOSSOU et Me Ayodélé AHOUNOU ont finalement pu assister aux interrogatoires menés par le procureur spécial de la CRIET, Elonm Mario Metonou.
Des accusations graves portées contre les prévenus
À l’issue des interrogatoires, Olivier Boko et Oswald Homeky ont été présentés devant la commission d’instruction de la CRIET, où les accusations contre eux ont été formellement énoncées. Ils ont ensuite comparu devant le juge des libertés et de la détention, qui leur a notifié leur placement en détention provisoire. Trois chefs d’accusation leur sont reprochés : complot contre la sûreté de l’État, blanchiment de capitaux, et corruption d’agent public. Ces charges, en adéquation avec les éléments avancés par le procureur, illustrent la gravité de la situation pour les deux prévenus.
Selon nos informations, le juge des libertés a ordonné leur détention provisoire peu après 22 heures, marquant ainsi une étape cruciale dans cette affaire, qui suscite une attention considérable tant au niveau national qu’international.
Aucun échange entre le colonel et Olivier Boko
Alors que son implication initiale dans le complot avait été évoquée, le colonel Dieudonné Tévoédjrè a déclaré, tant devant le parquet spécial que devant la commission d’instruction, n’avoir jamais eu de discussions avec Olivier Boko concernant ce prétendu coup d’État. Cependant, il a affirmé qu’Oswald Homeky avait tenté de le convaincre de participer à cette tentative de déstabilisation de l’État.
Cette déclaration, bien que partielle, aurait immédiatement suscité la réaction d’Oswald Homeky, qui a catégoriquement nié les accusations portées contre lui. Selon son avocat, l’ex ministre des sports se serait dit profondément surpris par les affirmations de son ami personnel, le colonel Tévoédjrè. Ce face-à-face tendu a exacerbé les tensions, plaçant Oswald Homeky dans une situation délicate, tandis qu’Olivier Boko pourrait exploiter cette déclaration pour atténuer son propre rôle dans l’affaire.
Me Ayodélé Ahounou, porte-parole des avocats de la défense, a d’ailleurs déclaré à la presse qu’à « la lecture du dossier, il apparaît clairement qu’aucun fait matériel n’incrimine monsieur Olivier Boko. »
Vers un procès déterminant
Désormais bien engagée sur le plan judiciaire, cette affaire se dirige inévitablement vers un procès qui devrait se tenir d’ici la fin de l’année. Les avocats de Boko et Homeky devront élaborer une défense solide face aux accusations portées contre leurs clients, lesquels ont rejeté en bloc l’ensemble des charges devant la commission d’instruction.
Les enjeux sont énormes, tant sur le plan judiciaire que politique. Ce procès pourrait cristalliser des tensions plus larges à un moment où l’équilibre du pouvoir au Bénin semble en pleine mutation.