Agriculture, Bénin – On connaît désormais la production définitive de coton graine pour la campagne 2024/2025. Porté par une campagne en hausse, le Bénin conforte sa place parmi les puissances cotonnières d’Afrique. Il termine deuxième producteur régional, juste derrière un Mali qui, malgré un léger recul, conserve son leadership. Décryptage d’un duel stratégique.
Sur les terres fertiles de l’Afrique de l’Ouest, la bataille du coton reste l’un des baromètres silencieux du dynamisme agricole régional. Selon les données définitives du Programme régional de production intégrée du coton en Afrique (PR-PICA) consultées par La Marina BJ, la campagne de coton graine 2024/2025 consacre une hiérarchie à double lecture : un Mali en tête malgré un essoufflement, et un Bénin en embuscade, plus performant que jamais.
Le Bénin, seul grand pays producteur en progression
Avec 637 697 tonnes de coton graine récoltées, le Bénin se hisse au deuxième rang régional, juste derrière le Mali (656 751 tonnes), et loin devant ses poursuivants directs. Sur une superficie de 535 579 hectares, le pays affiche un rendement de 1 191 kg/ha, en légère hausse par rapport à l’année précédente (+1 %). Mieux encore, sa production globale progresse de 6,4 %, dans un contexte où la plupart des autres producteurs majeurs enregistrent un repli marqué.
Ce regain de performance ne doit rien au hasard. Il résulte de plusieurs années d’investissements soutenus dans la mécanisation, la qualité des semences et la structuration des filières à l’échelle territoriale. Le Bénin récolte ainsi les fruits d’un pilotage agricole volontariste, à l’heure où d’autres pays subissent encore les contrecoups conjugués du dérèglement climatique et de la volatilité des prix des intrants.
Le Mali résiste… des concurrents en net recul
Premier producteur de la zone avec 656 751 tonnes, le Mali conserve la tête du classement, mais enregistre une baisse de 4,8 % de sa production annuelle. Son rendement s’établit à 1 054 kg/ha, en hausse (+8 %), ce qui montre une certaine efficacité technique, mais sur une superficie nettement plus vaste (623 042 hectares). En clair, le Mali reste leader en volume, mais pas en productivité.
Le contraste est saisissant avec le Burkina Faso, qui plonge à 292 660 tonnes (–24,4 %), et avec la Côte d’Ivoire (311 647 tonnes, –21 %). Plus inquiétant encore, le Cameroun accuse une chute de 27,8 %, malgré un rendement historiquement élevé (1 243 kg/ha). Le Tchad, déjà fragilisé, dévisse de moitié (–48,1 %), confirmant sa marginalisation croissante dans la filière.
Seul le Sénégal tire son épingle du jeu sur le plan relatif, avec une production modeste (15 514 tonnes) mais en forte croissance (+19,4 %) et un rendement exceptionnel de 1 259 kg/ha, soit le plus élevé de la zone.
Une filière avec un avenir à construire
Au-delà des chiffres, c’est l’avenir du coton ouest-africain qui se dessine. Le Bénin, fort de ses performances, se positionne comme un acteur incontournable de la transition cotonnière africaine. Grâce à la Gdiz, le pays mise désormais sur la transformation locale de la fibre, la montée en gamme des textiles et la conquête de nouveaux marchés.
Dans ce jeu d’équilibres instables, le classement 2024/2025 n’est pas une fin en soi, mais un révélateur de tendances lourdes. Le Mali domine encore, mais le Bénin progresse vite. La carte du coton se redessine, entre ambitions nationales, défis climatiques et logiques de compétitivité.
