Diplomatie, La Marina BJ – Quelques mois après avoir lancé son appel à la maîtrise généralisée de l’anglais (LMBJ du 22/01/2025), le ministre des Affaires étrangères, Olushegun Bakari, élargit déjà l’horizon. L’espagnol, le droit international, la diplomatie climatique ou encore la gestion des crises migratoires s’ajoutent désormais à la feuille de route de formation des diplomates béninois. Objectif : muscler l’appareil diplomatique pour un Bénin plus influent sur la scène mondiale.
Le 21 janvier 2025, lors de la cérémonie de présentation de vœux à son ministère, Olushegun Bakari avait donné le ton : tous les agents du ministère des Affaires étrangères devront parler anglais. « Nous ne pouvons pas être la fusée de tête de la promotion du Bénin sans savoir parler l’anglais », avait-il martelé. Mais derrière ce discours, une stratégie plus large se dessinait, portée par un constat : dans un monde en recomposition, le Bénin doit armer ses diplomates au-delà des seuls codes linguistiques.
L’espagnol s’invite à la table
Selon nos informations, un programme de renforcement des capacités vient d’être validé par le chef de la diplomatie béninoise. Et surprise : l’espagnol figure en bonne place aux côtés de l’anglais. Une décision qui traduit une lecture fine des rapports de force diplomatiques : avec plus de 500 millions de locuteurs dans le monde, la langue de Cervantès est un atout dans les négociations multilatérales, notamment à l’ONU, dans certaines instances africaines et en Amérique latine, région en quête de nouveaux partenariats africains.
Doté d’un budget prévisionnel de 61,271 millions FCFA, financé sur le programme « Pilotage et soutien aux services du Ministère » pour l’exercice budgétaire 2025, le plan sera confié à un cabinet spécialisé en ressources humaines, habilité par le ministère du Travail et de la Fonction publique, selon notre source bien informée.
Un plan de formation calibré
Outre l’espagnol, la prochaine vague de formations couvrira des champs clés. Du côté du droit et de la gouvernance, le renforcement des capacités ciblera les affaires juridiques, le droit aérien et le droit des investissements. En matière de diplomatie sectorielle, il est prévu des modules sur la gestion de l’eau, le climat et les crises migratoires.
Pour les compétences transversales, une partie de la formation portera sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) ainsi que sur les accords de libre-échange.
L’organisation et le protocole ne sont pas en reste : les agents bénéficieront également d’un renforcement des compétences en management des services publics, protocole et évènementiel. Il s’agit d’un arsenal complet, pensé pour permettre aux diplomates béninois d’affronter des dossiers de plus en plus complexes.
Cette offensive s’inscrit dans la ligne fixée par l’autorité ministérielle : transformer le ministère en un centre de compétences capable d’anticiper, d’influencer et de négocier sur plusieurs fronts à la fois. Dans un environnement régional marqué par la compétition entre capitales africaines pour attirer investissements et alliances, Cotonou entend jouer sa carte en misant sur la qualité et la polyvalence de ses représentants. « Nous devons faire en sorte que le ministère des Affaires étrangères soit à la pointe de ce qui est envisagé pour le Bénin », avait conclu Olushegun Bakari en janvier dernier . Le message est plus que désormais clair, la diplomatie béninoise se prépare à parler toutes les langues, pas que et pas seulement au sens littéral.
