Finance, La Marina BJ – Pour la première fois de son histoire, et dans le prolongement logique de sa cotation à la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM), la Loterie Nationale du Bénin (LNB) s’est soumise à l’évaluation d’une agence de notation. Selon la fiche de notation consultée par La Marina BJ et rédigée par Bloomfield Investment Corporation, l’opérateur béninois des jeux de hasard a obtenu la note A+ à long terme et A1- à court terme, toutes deux assorties d’une perspective stable. Ce verdict consacre la transformation d’une régie historique en acteur financier stratégique, tout en soulignant les défis à venir.
L’analyse met en lumière les performances financières des cinq dernières années. Entre 2020 et 2024, le chiffre d’affaires de la LNB est passé de 55,1 milliards à 102,5 milliards FCFA, soit une croissance de près de 86 %. Le résultat net a plus que doublé, progressant de 4,4 milliards à 7,1 milliards FCFA sur la même période, avec un pic à 9,3 milliards en 2023.
Les capitaux propres ont culminé à 33,4 milliards FCFA avant de s’établir à 23,6 milliards en 2024, conséquence de l’introduction partielle en Bourse et de la cession de 45 % du capital. Malgré cette redistribution, la LNB conserve une trésorerie jugée confortable et un endettement marginal (moins d’un milliard FCFA), ce qui lui confère une flexibilité financière rare dans le portefeuille public béninois.
Les raisons de la notation
Sur le long terme, Bloomfield Investment Corporation considère que la qualité de crédit de la LNB est élevée. L’agence estime que les facteurs de protection sont solides, même si les risques deviennent plus variables et significatifs en période de pression économique.
À court terme, la notation est justifiée par une certitude élevée de remboursement en temps opportun. Les facteurs de liquidité sont jugés robustes, soutenus par de solides mécanismes de protection, tandis que les risques à court terme demeurent très faibles.
En ce qui concerne les facteurs clés de performance, Bloomfield met en avant le leadership incontesté de la LNB sur le marché national, garanti par un monopole d’État, bien que ses parts de marché connaissent une érosion progressive au profit de concurrents privés. L’agence souligne également une structure financière solide, caractérisée par un endettement quasi inexistant et une capacité d’investissement élevée.
Elle insiste sur une stratégie commerciale efficace, appuyée par un réseau de distribution dense et des innovations régulières. Enfin, elle met en avant le fort soutien de l’État béninois, garant d’une stabilité institutionnelle et financière. Cette combinaison positionne la LNB comme un actif stratégique et une valeur refuge pour les investisseurs.
Des défis à relever malgré tout
L’agence de notation reste néanmoins prudente et identifie plusieurs facteurs de fragilité de la qualité de crédit de la LNB. « Une réforme du secteur des jeux au Bénin, au désavantage de la LNB SA » est le premier facteur de risque mentionné dans la fiche de notation. Une telle réforme pourrait bouleverser les équilibres établis.
Autres points de vigilance : une rentabilité contrainte par le niveau des gains versés aux joueurs et le poids des consommations intermédiaires absorbant une part importante du chiffre d’affaires. Bloomfield recommande de renforcer les mécanismes de recouvrement des redevances et d’optimiser les performances opérationnelles afin de maintenir ce niveau de notation.
Créée en 1967 et placée sous la tutelle du ministère de l’Économie et des Finances, la LNB détient un monopole légal sur les jeux de hasard et de pari. Longtemps cantonnée à un rôle de pourvoyeuse de recettes pour l’État, elle a franchi un cap stratégique en décembre 2024 avec son introduction partielle à la BRVM. Cette opération a renforcé sa gouvernance, accru sa transparence et suscité l’intérêt des investisseurs régionaux, tout en confirmant le contrôle étatique.