Économie, La Marina BJ – Les dernières statistiques trimestrielles publiées par l’Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSTAD), le 5 septembre 2025, confirment une tendance baissière : les échanges commerciaux du Bénin se sont fortement contractés au deuxième trimestre de l’année.
Exportations comme importations enregistrent un repli, reflet d’une économie toujours dépendante de quelques produits phares et exposée aux soubresauts de la conjoncture internationale.
Exportations : le coton tire les chiffres vers le bas
En trois mois (Avril, Mai et Juin 2025), les exportations béninoises de marchandises ont chuté de 20,2 % par rapport au trimestre précédent. En glissement annuel, la baisse atteint 44 %, un recul largement imputable à la contre-performance du coton.
Le « coton (à l’exclusion des linters), non cardé ni peigné » reste certes le premier produit vendu à l’étranger, représentant 43,9 % des exportations avec une valeur de 51,9 milliards FCFA (47 930 tonnes). Mais il constitue aussi le principal facteur de la contraction, contribuant à lui seul à –34 points de pourcentage de la variation annuelle. Derrière, les « tourteaux et autres résidus solides » (15,8 milliards FCFA), les barres en acier (6,0 milliards FCFA) et les fruits à coque (4,9 milliards FCFA) complètent le tableau.
Une fois encore, la structure des exportations traduit une forte dépendance : les dix premiers produits concentrent 83,1 % de la valeur totale. Un profil qui expose le pays à la volatilité des cours mondiaux et aux aléas climatiques affectant les récoltes.
Importations : un recul conjoncturel, mais une dépendance structurelle
Du côté des importations, la tendance est également au repli. Les acquisitions de biens ont diminué de 30,8 % par rapport au premier trimestre 2025. Le riz, produit alimentaire stratégique, arrive en tête avec 19,2 % de part, suivi des huiles de pétrole (10,6 %) et des engrais (4,5 %).
Si la baisse trimestrielle est marquée, l’évolution annuelle affiche un léger redressement de +0,4 %, porté par une hausse des importations de viandes et abats comestibles (+2,3 points), d’engrais (+2,2 points) et de riz (+1,5 point). Au total, les dix premiers produits importés représentent 51,2 % de la facture extérieure.
Une balance commerciale vulnérable
La configuration actuelle révèle une double vulnérabilité : d’une part, une dépendance persistante aux exportations de coton, dont la chute plombe les recettes extérieures ; d’autre part, une facture d’importations dominée par les denrées alimentaires et les produits énergétiques, indispensables à la consommation et à la production locales.
Cette situation place la balance commerciale sous tension et interroge la résilience de l’économie béninoise. Comme le souligne notre spécialiste à la rédaction « Le Bénin reste toujours prisonnier d’un modèle de commerce extérieur qui repose trop sur des produits bruts et trop peu sur la transformation locale. »
Le gouvernement de la Rupture affiche pourtant l’ambition d’accélérer la transformation structurelle de l’économie à travers l’industrialisation et la valorisation des filières agricoles comme l’anacarde, le soja ou encore le palmier à huile. Mais les chiffres du deuxième trimestre rappellent la lenteur du processus et l’urgence d’élargir la base productive.
En attendant, les perspectives pour la fin de l’année dépendront largement des performances de la campagne cotonnière et de l’évolution des cours mondiaux des denrées alimentaires et du pétrole. Une équation complexe pour un pays qui veut consolider sa croissance tout en réduisant sa vulnérabilité commerciale.