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Bénin : la réforme phare de la commande publique confrontée à son premier revers

Gouvernance, La Marina BJ Trois mois après avoir lancé une mise en concurrence internationale pour acquérir et déployer une solution intégrée de gestion électronique des marchés publics, l’autorité contractante essuie un premier revers : aucun des quatre soumissionnaires n’a franchi la barre des exigences techniques, contraignant cette dernière à déclarer la procédure infructueuse, le 16 septembre 2025.

Dans la logique des réformes engagées depuis 2016, la digitalisation de la commande publique devait incarner la nouvelle étape d’une gouvernance axée sur la performance et la lutte contre la corruption. Avec une enveloppe de plus de 3,3 milliards de FCFA (Lire LMBJ du 03/07/2025), issue du Projet de gouvernance économique pour la délivrance des services (PGEDS), il s’agissait moins d’acquérir un logiciel que de poser une pierre angulaire : transformer un secteur où se joue près d’un quart des dépenses publiques, souvent critiqué pour ses lenteurs et ses zones d’ombre.

À terme, le système devait couvrir tout le cycle de vie des marchés : planification, enregistrement des fournisseurs, dépôt électronique des offres, enchères inversées, évaluation automatisée, suivi de l’exécution et des paiements, jusqu’à la gestion des contentieux. Une révolution censée aligner le Bénin sur les standards internationaux et rassurer les bailleurs.

Quatre candidats recalés

Les ambitions étaient grandes, mais les offres reçues – celles d’IKA Technology, du groupement Grafnet & Perago Information Systems, d’ELM Company et du trio 2SI, Nextenders Private Limited (NTIL) & Iokeo – n’ont pas convaincu.

La commission spéciale d’ouverture et d’évaluation des offres, composée de représentants de plusieurs structures telles que le Port de Cotonou, la CNSS, l’ADSC, la SBEE ou encore l’ASIN, a relevé des lacunes rédhibitoires : architectures jugées insuffisantes (absence de solutions multi-tenant et microservices), imprécisions sur les frameworks logiciels, réponses techniques inadaptées aux exigences de reporting et d’interfaçage. Autant de faiblesses qui, dans un projet conçu comme une vitrine de la gouvernance numérique, ne pouvaient être tolérées. Sur la base du procès-verbal de la commission et conformément aux dispositions en vigueur, la Personne responsable des marchés publics de l’ARMP a pris, le 16 septembre dernier, la décision de déclarer infructueux l’appel d’offres concerné.

Une pause réglementaire

Déclaré infructueux en vertu de l’article 71 du Code des marchés publics, cet appel d’offres marque un temps d’arrêt dans le calendrier initial, qui prévoyait un déploiement en vingt-quatre mois. La prochaine étape, comme l’exige le Code des marchés publics, consistera probablement en un nouvel appel d’offres, éventuellement ajusté afin de clarifier les attentes techniques. À défaut de succès, le recours au gré à gré, strictement encadré, pourrait être envisagé avec l’aval de la Direction nationale de contrôle des marchés publics.

Mais selon notre spécialiste à la rédaction, « l’urgence du projet, comme l’autorise la législation en vigueur, peut amener le gouvernement lors d’un Conseil des ministres à recourir directement au gré à gré, sans relancer un appel d’offres ». La digitalisation de la commande publique devait être un symbole : celui d’un État qui se modernise et rend des comptes. Le premier revers enregistré souligne la difficulté de la tâche, mais aussi l’urgence, pour l’exécutif, de trouver un partenaire technologique à la hauteur de ses ambitions.

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