Politique, La Marina BJ – Au Bénin, la scène politique n’est jamais avare de paradoxes. Daniel Edah en incarne un parfait : après s’être proclamé candidat et avoir détaillé un programme présidentiel, il découvre enfin, qu’avec le système partisan, un parti reste utile pour exister.
Candidat autoproclamé à la présidentielle de 2026 dès mai dernier, sans parrainage ni adossement à un parti politique solide mais porteur d’un ambitieux programme en douze piliers, l’ancien prétendant de 2016 a multiplié les apparitions médiatiques et les sorties sur les réseaux sociaux. Au point d’alimenter récemment une véritable campagne déguisée, se posant comme “le candidat qu’il faut” pour l’opposition. Mais après tout cela, et surtout au lendemain de la mise en place par Les Démocrates d’un comité chargé d’examiner les dossiers de candidature en vue de la présidentielle (LMBJ DU 25/09/2025) Daniel Edah a franchi le pas : il a officialisé son adhésion à la principale formation d’opposition.
Une simple “formalité”, a-t-il confié après son audience avec Boni Yayi, président du parti, comme s’il avait toujours été membre de cette famille politique. Un mariage logique pour lui. Mais qu’en est-il pour Les Démocrates ?
Un parti qui n’a pas attendu Saint Daniel
Dirigé par l’ancien président Boni Yayi, Les Démocrates ont déjà tracé leur chemin. Avec un appareil militant structuré, des figures aguerries et ”une stratégie calibrée” pour affronter le pouvoir en 2026, le parti n’avait nul besoin de Daniel Edah pour exister. Son adhésion ne bouleverse ni les équilibres internes ni la hiérarchie tacite des ambitions présidentielles.
Certes, Daniel Edah apporte un discours de rassemblement, une posture de neutralité et quelques formules accrocheuses comme “il fera beau”. Mais cela suffit-il à en faire un prétendant crédible au ticket présidentiel ? Rien n’est moins sûr.
Une ambition en quête de légitimité
Le parcours récent de Daniel Edah illustre avant tout une volonté d’exister politiquement, quitte à inverser les étapes. En annonçant sa candidature avant même de se doter d’une bannière, il a pris le risque de passer pour un joueur solitaire. Son ralliement aux Démocrates corrige cette anomalie, mais le confronte désormais à une réalité : à quelques semaines de l’ouverture du dépôt des candidatures à la présidentielle, il devra prouver qu’il dispose d’une assise militante et populaire suffisante pour être porté par le parti.
Or, Les Démocrates ont déjà mieux à proposer : des cadres plus enracinés, des élus plus aguerris, dont la légitimité s’appuie sur des années de combat politique. Dans ce contexte, Daniel Edah apparaît davantage comme celui qui a besoin du parti que comme celui dont le parti aurait besoin.
Un pari personnel plus qu’une nécessité collective
L’officialisation de son adhésion ressemble donc moins à une révolution interne qu’à un pari personnel. Une tentative d’ancrer sa candidature dans la principale force d’opposition, faute de quoi elle risquait de rester sans lendemain. Mais du côté des Démocrates, rien n’indique que cette entrée tardive changera les équilibres ni les choix stratégiques.
La question demeure, posée sans fard : Les Démocrates ont-ils vraiment besoin de Daniel Edah ? Pour l’instant, la réponse penche clairement vers le non. Mais pour l’intéressé, l’essentiel serait ailleurs : trouver enfin un toit politique pour ne pas rester un candidat sans maison. Et s’il ne décroche pas l’investiture présidentielle, peut-être les législatives ou les communales offriront-elles à Daniel Edah une place plus à sa mesure.
