Politique, La Marina BJ – Au lendemain du départ de cinq de ses députés, et alors que la majorité parlementaire relance une nouvelle révision de la Constitution, le principal parti d’opposition tente de contenir la tempête. À l’issue d’un entretien au domicile de l’ancien chef de l’État et leader du parti Les Démocrates, Thomas Boni Yayi, le porte-voix du parti, l’ex-député Guy Mitokpè, s’est adressé aux Béninois à travers sa page Facebook. Objectif : rassurer, recadrer et réaffirmer une ligne politique.
“Notre parti traverse un moment difficile, mais il n’est pas en crise”, a-t-il déclaré d’emblée. Un mot d’ordre qui sonne comme une réponse directe aux spéculations alimentées depuis la veille par le départ de cinq députés du groupe parlementaire, suivi d’une conférence de presse des intéressés annonçant également leur démission du parti.
Les défections de ces cinq parlementaires, survenues en pleine ouverture de la session budgétaire à l’Assemblée nationale, ont ravivé les fractures au sein de l’opposition. Certains y ont vu les prémices d’un éclatement, d’autres une manœuvre politique orchestrée. Pour Guy Mitokpè, il ne s’agit ni de l’un ni de l’autre, mais d’un épisode de turbulence inhérent à la croissance d’une organisation politique :
“Comme toute entité qui veut grandir, notre parti connaît des moments difficiles. Mais nous restons debout”, a-t-il insisté, accusant les démissionnaires de céder à des ambitions démesurées et à un manque de conviction.
Selon lui, ces départs s’apparentent à une “opération de démembrement” orchestrée pour affaiblir le parti, mais la cohésion demeure intacte. En filigrane, le message est que Les Démocrates refusent de se laisser diviser à l’approche des échéances électorales.
Une ligne rouge : non à la révision constitutionnelle
Au-delà des remous internes, la déclaration du samedi soir visait aussi à clarifier la position du parti sur la révision constitutionnelle en cours d’examen à l’Assemblée nationale. L’initiative, portée par deux députés de la majorité, Aké Natondé (UPR) et Assan Seïbou (BR), prévoit notamment la création d’un Sénat et un nouvel équilibre institutionnel (Lire LMBJ DU 31/10/2025).
Mais pour Les Démocrates, cette réforme n’a ni légitimité, ni urgence. “Le parti Les Démocrates ne donne pas sa caution à une quelconque révision constitutionnelle”, a affirmé Guy Mitokpè, ajoutant que “le processus n’a pas respecté les démarches de consultation nationale”.
À l’en croire, toute réforme de la Loi fondamentale doit répondre à un consensus national, et non à une “volonté politique unilatérale”.
Le projet de Sénat, un symbole rejeté
Au cœur du débat, le projet de création d’un Sénat divise profondément. Dans sa version actuelle, la nouvelle chambre inclurait les anciens présidents, les anciens chefs d’institution et des responsables militaires, chargés de “veiller à la stabilité politique et à la continuité de l’État”.
Pour Les Démocrates, il s’agit d’une institution de prestige, non d’équilibre. “Ce que nous avons lu est grave. Ce texte contredit nos convictions et trahit l’esprit de la Constitution de 1990”, a déclaré l’ex-député de la seizième circonscription électorale Guy Mitokpè.
Malgré les secousses, le parti veut montrer qu’il reste structuré et tourné vers l’avenir. Guy Mitokpè a rappelé que les équipes du parti travaillent déjà avec la Commission électorale nationale autonome (CENA) pour la préparation des prochaines élections communales et législatives. “Nous serons présents à toutes les élections. Nous ne disparaîtrons pas”, a-t-il lancé, invitant les militants à reconvertir leur frustration en mobilisation.