Gouvernance, La Marina BJ – Selon le relevé du Conseil des ministres du mercredi 5 novembre 2025, le gouvernement béninois poursuit sa marche vers un modèle de développement fondé sur la durabilité, l’inclusion et la modernisation. Entre réforme forestière, structuration industrielle régionale, gouvernance énergétique et aménagement du territoire, l’exécutif trace les lignes d’un projet économique global où la performance et la responsabilité se rejoignent.
C’est sans doute la mesure la plus emblématique de ce Conseil des ministres : la création de la Société de Développement Forestier (SODEF S.A.). Le relevé officiel précise que cette nouvelle entité publique succède à la Société nationale du Bois (SONAB) et qu’elle aura pour mission de transformer la filière forestière en un véritable pilier de l’économie durable. La SODEF S.A. sera chargée d’assurer la gestion et l’exploitation raisonnée des forêts classées, de sécuriser le domaine forestier de l’État et de développer la production de bois énergie. Au-delà de la simple exploitation, elle entend impliquer les populations locales dans la reforestation et la valorisation du bois, créant ainsi une dynamique économique dans les zones rurales.
Dans la vision de l’exécutif, cette société représente un instrument stratégique : celui d’un État qui conjugue croissance et durabilité, en faisant de la forêt non plus un espace de prédation, mais un levier de transition écologique. La SODEF S.A. participera à la séquestration du carbone, à la préservation de la biodiversité et à la protection des sols. Elle incarne la volonté du Bénin de s’inscrire dans les engagements climatiques internationaux tout en créant de la valeur ajoutée au plan local. Pour le gouvernement de Patrice Talon, il s’agit d’un pari sur le long terme : transformer une ressource naturelle en moteur d’une économie verte et inclusive.
Le Conseil des ministres ne s’est pas limité à la création de la SODEF. Dans la même logique, le gouvernement a décidé de transmettre à l’Assemblée nationale le projet de loi portant Code des forêts et de la faune. Cette réforme législative vise à moderniser et unifier un ensemble de textes jusque-là épars, hérités de la loi de 1993, devenue inadaptée face aux nouveaux enjeux de gestion durable. Le futur code rassemblera en un seul cadre juridique la flore, la faune, le commerce des espèces et les zones de pâturage, offrant ainsi une vision cohérente et actualisée de la gouvernance forestière.
Des pôles économiques régionaux pour un développement équilibré
Le second grand axe de ce Conseil des ministres est économique. Le gouvernement béninois a décidé d’institutionnaliser les Pôles économiques régionaux d’industrie légère et d’agro-industrie, une initiative qui s’inscrit dans la continuité de la politique d’industrialisation amorcée avec la zone économique spéciale de Glo-Djigbé. Le but est de reproduire ce modèle de succès à l’échelle régionale, afin d’assurer une meilleure répartition spatiale des investissements et d’éviter la concentration du développement sur le littoral.
Chaque pôle sera placé sous la responsabilité d’une Autorité d’administration et de régulation, chargée d’identifier les sites, de conduire les études de faisabilité et d’assurer le suivi des activités. Ces zones accueilleront des entreprises agréées au Code des investissements, notamment celles de taille moyenne ou intervenant dans l’agro-industrie, qui ne peuvent accéder aux grandes zones économiques spéciales. Par ce dispositif, l’État entend renforcer l’intégration territoriale, créer des opportunités d’emplois en région et consolider la chaîne de valeur industrielle à partir des ressources locales. Le Bénin mise ainsi sur un modèle de croissance plus inclusif, où chaque région devient un moteur économique autonome au service du développement national.
Un agenda multisectoriel pour renforcer la durabilité
Au-delà de ces grandes réformes, le Conseil des ministres de ce mercredi 5 novembre énumère plusieurs décisions à portée structurelle. Sur le plan institutionnel, le gouvernement a adopté un décret fixant les attributions et le fonctionnement de l’Agence judiciaire de l’État, tout en transmettant à l’Assemblée nationale le projet de loi sur la répression du faux monnayage. Ces mesures visent à renforcer la gouvernance publique et la sécurité juridique des transactions économiques.
Dans le secteur énergétique, les statuts modifiés de la Société Béninoise d’Énergie Électrique (SBEE S.A.) ont été approuvés. Cette actualisation doit permettre d’améliorer la performance de la société et de mieux répondre aux besoins croissants en électricité, essentiels à la compétitivité du tissu industriel.
Le gouvernement a également validé le lancement des études pour la construction ou la réhabilitation de quatre-vingts retenues d’eau dans plusieurs départements. Ce vaste programme d’aménagement hydroagricole vise à renforcer la résilience des communautés rurales et à accroître la productivité agricole grâce à la maîtrise de l’eau. Dans le même registre, le Conseil a donné son accord pour la construction du futur siège des Institutions de régulation à Cotonou, un complexe moderne de type R+8, destiné à offrir un meilleur cadre de travail aux entités publiques concernées. Enfin, sur le plan diplomatique, le Bénin participera à la 54e session du Conseil d’administration de l’École inter-États des Sciences et Médecine vétérinaires à Lomé et accueillera, du 5 au 7 février 2026, une Conférence sur le logement en Afrique francophone.