Érosion côtière, La Marina BJ – Le Port autonome de Cotonou s’apprête à confier à un partenaire scientifique la mission d’observer, de comprendre et d’anticiper les mouvements d’un littoral béninois en constante mutation. Trois consortiums internationaux sont encore en lice pour piloter un programme d’études maritimes sur trois ans, au cœur d’une stratégie qui place désormais la connaissance scientifique au centre de la gestion côtière.
La décision finale interviendra en décembre. En attendant, trois groupements se préparent à défendre leur vision : ANTEA Bénin / INROS LACKNER / ANTEA Belgium, TAEP Europe / LEM, et SCET-Tunisie / SETEM-Bénin. Ces équipes, associant bureaux d’études européens et africains, devront convaincre le Port de Cotonou de leur capacité à traduire la complexité des phénomènes marins en données exploitables pour la planification et la sécurité portuaire.
Ce trio resserré est le fruit d’un long processus de sélection, relancé à la fin d’août 2025. La première tentative, jugée insuffisamment représentative, avait conduit les autorités portuaires à revoir leur approche conformément à la législation en vigueur.
Observer, mesurer, comprendre
L’enjeu dépasse les simples levés topographiques. Il s’agit d’établir, pour la première fois à cette échelle, une cartographie dynamique du littoral capable d’anticiper les zones à risque, de modéliser les effets des aménagements portuaires et de proposer des solutions d’adaptation.
Selon les informations recueillies auprès de notre source bien informée, les travaux couvriront notamment l’analyse de l’évolution du trait de côte et des zones en érosion, la conception de scénarios d’aménagements durables, la réalisation périodique de levés topographiques et bathymétriques, ainsi que l’évaluation morphologique post-travaux.
En toile de fond, une ambition : ne plus subir la mer, mais l’observer et la comprendre pour mieux la protéger. Le Port de Cotonou entend ainsi disposer d’outils scientifiques précis pour appuyer ses décisions d’aménagement et assurer la durabilité de ses installations.
Une nouvelle ère de gouvernance côtière
Le littoral béninois, long d’une centaine de kilomètres, est l’un des plus fragiles de la côte ouest-africaine. Entre recul du trait de côte, ensablement des chenaux et pressions urbanistiques, les défis s’accumulent. Le Port de Cotonou, poumon économique du pays, en est à la fois le témoin et le premier concerné. En lançant ce programme, il affirme sa volonté de passer d’une logique de réaction à une logique d’anticipation, en s’appuyant sur la science pour construire une résilience durable. Le futur « gardien scientifique » du littoral aura donc un rôle clé : produire les connaissances qui permettront au Bénin d’ajuster sa politique d’aménagement maritime et d’intégrer la dimension environnementale à la compétitivité portuaire.
La désignation du partenaire retenu, attendue dans les prochaines semaines, ouvrira une nouvelle ère pour la gouvernance maritime nationale. Cotonou, longtemps en première ligne des effets de l’érosion, se positionne désormais comme un laboratoire régional de la connaissance côtière, où se croisent ingénierie, observation scientifique et planification urbaine.
En plaçant la science au cœur de son action, le Port autonome de Cotonou trace le cap d’une transformation silencieuse mais essentielle : celle d’une infrastructure qui veut penser la mer non plus comme une contrainte, mais comme un patrimoine à préserver. Une manière, pour le Bénin, de reprendre pied face à la mer qui façonne son destin depuis toujours.
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