Diplomatie, La Marina BJ – Alors que d’autres capitales africaines renforcent leurs moyens extérieurs, le Bénin, fidèle à la trajectoire engagée depuis plusieurs années, mise une nouvelle fois sur une stratégie plus mesurée : réduire les coûts diplomatiques sans renoncer à son déploiement international. Selon le projet de budget 2026 en attente d’adoption au Parlement, les Affaires étrangères disposeront de 18,25 milliards FCFA, contre 19,17 milliards FCFA en 2025. Une contraction assumée, qui, selon nos informations, n’a rien d’un recul.
Depuis le début de cette année, la diplomatie béninoise a pourtant été particulièrement active. À Cotonou, lors d’une visite diplomatique, le ministre Olushegun Adjadi Bakari accueillait son homologue qatari. Toujours à Cotonou, le 7 avril 2025 plus précisément, il signait un mémorandum d’entente sur les consultations politiques et diplomatiques avec la Slovénie. À Paris, lors d’une descente où il a été reçu par son homologue français, il vantait l’excellence des relations entre les deux pays. Un agenda dense qui n’empêche pas la Direction Générale du Budget de serrer la vis en prévision certainement de l’alternance au pouvoir.
Des coupes chirurgicales dans les représentations diplomatiques
La tendance se dessine nettement : l’année 2026 sera celle d’une rationalisation ambitieuse du réseau diplomatique. En Afrique de l’Ouest, l’ambassade du Bénin à Abuja fonctionnera désormais avec 312,561 millions FCFA, soit 30 millions de moins qu’en 2025. Une réduction symbolique, malgré l’accord d’intégration économique amorcé en août dernier. Le consulat général de Lagos suit la même logique, avec un budget ramené à 268,015 millions FCFA, contre 368,315 millions en 2025.
En Asie, les coupes sont plus tranchées. À Beijing, la chancellerie opérera en 2026 avec 438,922 millions FCFA, loin des 538 millions engagés cette année. À Doha, autre poste stratégique, l’enveloppe recule à 357,038 millions FCFA, tandis que Riyad tombe à 436,547 millions FCFA, contre 566,547 millions en 2025. Pour Moscou, l’enveloppe est fixée à 325,975 millions FCFA, contre près de 476 millions en 2025 soit une diminution de 150 millions de FCFA. À Niamey, l’ambassade se voit attribuer seulement 132 millions FCFA, une réduction de moitié comparée à l’année 2025. Un choix qui reflète la persistance de la crise diplomatique avec ce voisin depuis le coup d’État de juillet 2023 à Niamey.
Selon nos informations, les missions multilatérales ne sont pas épargnées. À New York, la mission permanente du Bénin auprès de l’ONU disposera en 2026 de 441,14 millions FCFA, contre 759 millions pour l’exercice en cours. À Addis-Abeba, le projet de budget de la mission permanente auprès de l’Union africaine s’établit à 359,726 millions FCFA, contre 414,216 millions FCFA en 2025. Même Washington, l’une des plateformes diplomatiques les plus structurantes, voit ses moyens ramenés à 720,827 millions FCFA, après avoir franchi la barre du milliard en 2025.
Des hausses ciblées
Face à cette vague de rationalisation, quelques chancelleries échappent à la cure d’austérité en vue. C’est le cas de Paris, dont le budget 2026 grimpe à 1,423 milliard FCFA, après une légère baisse en 2025 (1,379 milliard FCFA), confirmant la place centrale de la France dans la diplomatie béninoise. Le rôle de la diaspora, les échanges culturels, les restitutions de trésors royaux et la densité des relations économiques pèsent sans doute lourd dans ce choix.
Dans le Golfe, le poste de Koweït City bénéficie lui aussi d’un renforcement : 429,154 millions FCFA pour 2026, soit 30 millions de plus qu’en 2025. Une hausse qui reflète l’intérêt renouvelé du Bénin pour les financements et investissements en provenance de cette région.
À Brasilia, les choses restent stables : 230 millions FCFA pour la deuxième année consécutive, symbole d’une coopération Sud-Sud que Cotonou souhaite maintenir, sans la renforcer.
Mais c’est la réouverture de l’ambassade du Bénin à New Delhi qui cristallise l’attention. Pour son premier budget, il est de 358,3 millions FCFA, cette nouvelle chancellerie traduit l’ambition du Bénin de diversifier ses partenariats, notamment dans le numérique, la formation, la santé et les énergies renouvelables. L’Inde, puissance émergente et acteur clé au niveau de la GDIZ, s’impose ainsi comme un nouvel ancrage diplomatique majeur.
En apparence, le Bénin réduit ses moyens. En réalité, il les redéploie. Les échanges bilatéraux menés en 2025 — du Qatar à la Slovénie, du Maroc à Cuba — démontrent que Cotonou continue de jouer un rôle actif sur la scène internationale. Mais en attendant l’arrivé d’un nouveau régime, l’heure demeure à la diplomatie « utile », celle qui soutient les ambitions économiques du pays, mobilise la diaspora, renforce l’attractivité et accompagne les grands projets nationaux.
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