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Prêts digitaux au Bénin : fintechs, Mobile Money et autres plateformes désormais obligées de partager les données des emprunteurs

Réforme, La Marina BJAdoptée discrètement lors du Conseil des ministres du 29 octobre 2025, la nouvelle mesure réglementaire bouleverse pourtant l’organisation du crédit digital au Bénin. Selon les termes du décret n°2025-665, que La Marina BJ a pu analyser, tout acteur accordant un prêt en ligne, via une application, une plateforme, un service Mobile Money etc, devra désormais transmettre les données de ses emprunteurs à la plateforme nationale de partage d’informations sur le crédit. Cette obligation de transparence marque un virage décisif dans la supervision du secteur.

Derrière ce décret passé presque inaperçu, signé du président Patrice Talon et trois ministres du gouvernement, se cache une évolution majeure de la politique financière du Bénin. L’État élargit son contrôle sur un secteur en pleine expansion : celui des micro-prêts digitaux, laissés notamment à l’initiative des services de Mobile Money, des fintechs, et autres plateformes dématérialisées. Cette décision repositionne le pays parmi les États africains cherchant à reprendre la main sur la donnée financière, devenue un actif stratégique.

Selon nos informations, le décret étend explicitement le champ d’application de la plateforme nationale de partage des informations sur le crédit à l’ensemble des acteurs non bancaires qui accordent des prêts. Sont ainsi concernés les fintechs, les établissements de monnaie électronique, les plateformes digitales de financement, les business angels, les sociétés d’investissement en capital et toute entité opérant des crédits en dehors des institutions financières classiques. Le décret stipule que tout « utilisateur » de la plateforme est soumis aux mêmes obligations que les banques, créant ainsi un cadre unifié où tous les prêteurs alternatifs doivent se conformer aux règles de transmission et de consultation des données de solvabilité.

Des données précises à transmettre obligatoirement

L’acte présidentiel impose la transmission systématique d’un ensemble d’informations clairement listées : identité de l’emprunteur, engagements financiers, antécédents de remboursement, exposition totale au risque, caractéristiques du prêt (montant, maturité, garanties, incidents éventuels). Cette obligation ne prévoit aucune exception pour les acteurs digitaux. La plateforme nationale devient ainsi la base de référence incontournable pour la centralisation et l’harmonisation des données de crédit, avec un niveau de détail comparable à celui exigé des banques.

Avant tout octroi de crédit, le décret autorise les prêteurs alternatifs la consultation du rapport de solvabilité de l’emprunteur via la plateforme nationale. Cette consultation devient une étape réglementaire obligatoire, destinée à garantir que toute décision de financement repose sur une information complète, objective et actualisée. L’exigence s’applique à toutes les formes de crédit, quelle que soit la nature du prêteur, mettant ainsi fin aux pratiques d’octroi sans évaluation préalable de la capacité réelle d’endettement.

Des délais et obligations de conformité

Les utilisateurs de la plateforme doivent respecter des règles strictes de confidentialité, mettre en œuvre des mesures appropriées de sécurité des données et désigner un responsable chargé de la protection des informations personnelles. Le décret rappelle également les droits des personnes concernées – accès, rectification, opposition – et prévoit l’obligation pour les acteurs d’adresser des rapports réguliers à l’autorité compétente en matière de données personnelles. L’ensemble constitue un cadre juridique complet, destiné à organiser le traitement légitime et sécurisé des données de crédit.

Le décret accorde un délai de 90 jours aux acteurs concernés pour se conformer à toutes les prescriptions. Durant cette période, ils doivent procéder à leur enregistrement sur la plateforme, adapter leurs systèmes techniques pour assurer l’intégration et l’envoi automatisé des données, désigner les responsables requis et préparer les premiers rapports à transmettre. Passé ce délai, le respect intégral du dispositif devient obligatoire et ne souffre aucune dérogation.

En somme, cette mesure présidentielle introduit trois obligations majeures : l’intégration de tous les prêteurs alternatifs au dispositif national d’échange d’informations sur le crédit, la transmission systématique d’un ensemble détaillé de données relatives aux emprunteurs et la consultation obligatoire d’un rapport de solvabilité avant toute décision d’octroi. Le décret uniformise ainsi l’accès à l’information de crédit et place tous les acteurs — bancaires et non bancaires — sous un même régime d’exigence et de transparence.

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