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Bénin : pour la énième fois, l’autonomie financière des collectivités territoriales s’annonce hors de portée

Finances locales, BéninLa Marina BJ s’est procuré la note de conjoncture des finances locales du Bénin au troisième trimestre 2025, dressée par la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité publique. Au-delà des chiffres des recettes des communes arrêtés au 30 septembre 2025, il y est clairement indiqué qu’en cette année 2025, l’autonomie financière des collectivités territoriales risque de ne pas être au rendez-vous, la mobilisation des recettes propres à l’horizon du 31 décembre étant projetée à moins de 43 %. Un signal d’alerte qui met, une fois encore, en exergue les fragilités structurelles des finances communales, dans un contexte macroéconomique pourtant relativement porteur.

Selon la note, la performance macroéconomique du pays au troisième trimestre 2025 se heurte à la réalité budgétaire des collectivités territoriales, où les déséquilibres continuent de se creuser.

Des recettes de fonctionnement en forte contraction

Au troisième trimestre 2025, les recettes de fonctionnement des communes s’établissent à 8,10 milliards FCFA, enregistrant une baisse significative de 26,91 % en glissement annuel. Cette contraction intervient alors même que les transferts de l’État, bien qu’en recul en volume, occupent une place de plus en plus centrale dans les finances locales.

En effet, les dotations et subventions représentent désormais 57 % des recettes de fonctionnement, contre 48 % un an plus tôt, traduisant, comme par le passé, une dépendance accrue des communes vis-à-vis des transferts budgétaires de l’État, malgré les différentes réformes engagées. À l’inverse, la capacité des collectivités à générer des ressources propres demeure structurellement faible.

Face à cette érosion des recettes, les dépenses de fonctionnement poursuivent leur progression. Elles atteignent 10,66 milliards FCFA au 30 septembre 2025, soit une hausse globale de 6,04 %. Cette dynamique contribue à accentuer le déséquilibre budgétaire, réduisant les marges de manœuvre financières des communes et comprimant leur capacité d’épargne.

Investissements : un effort réel, mais sous contrainte

Sur le volet des investissements, la note relève une évolution nuancée. Si les recettes d’investissement sont en repli, l’autofinancement progresse de manière notable, multiplié par près de cinq pour atteindre 1,01 milliard FCFA. Les dépenses d’investissement, quant à elles, s’élèvent à 6,86 milliards FCFA, en hausse de 31,51 % en glissement annuel.

Cette progression traduit une volonté de maintien de l’effort d’équipement local, mais elle s’opère dans un contexte de fragilité des ressources, exposant certaines communes à des risques de déséquilibres budgétaires plus marqués.

Des taux de mobilisation alarmants à fin septembre

À fin septembre 2025, les recettes de fonctionnement ne sont mobilisées qu’à 26,62 % de la prévision annuelle. Plus inquiétant encore, l’évaluation prospective indique que l’exécution des recettes propres devrait rester en deçà de 43 % à la clôture de l’exercice. Les projections mettent en évidence une sous-exécution notable des agrégats budgétaires : les recettes fiscales n’atteindraient que 19,10 %, les recettes non fiscales 37,88 %, et les dépenses de fonctionnement 26,48 % des prévisions initiales. Ces écarts confirment l’existence d’un biais structurel entre les hypothèses budgétaires et les performances effectives constatées sur le terrain.

La note souligne que cette faible mobilisation des ressources propres, conjuguée à des besoins élevés en subventions, matérialise un risque budgétaro-financier de « désépargne » pour plusieurs collectivités, notamment les grandes villes. Autrement dit, certaines communes pourraient être contraintes d’entamer leurs réserves ou de restreindre leurs capacités d’intervention pour assurer leurs charges courantes.

Dans ce contexte, la gouvernance des finances locales connaît une évolution majeure avec la mise en place du Fonds d’Investissement communal (FIC), appelé à succéder au FADeC. L’objectif affiché est de doter les collectivités d’outils financiers plus modernes, capables de renforcer leurs capacités d’investissement et de soutenir le financement de projets locaux structurants. Reste que, comme le souligne en filigrane la note de conjoncture, la question centrale demeure celle de la mobilisation effective des recettes propres, condition indispensable à une autonomie financière réelle et durable des collectivités territoriales béninoises. En 2025, cet objectif apparaît plus que jamais sous pression.

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