Justice, La Marina BJ – La séquence judiciaire déclenchée par la mutinerie avortée du 7 décembre 2025 au Bénin ne se limite plus aux seuls acteurs militaires. Après le placement en détention provisoire de 31 personnes, dont 30 militaires, la justice béninoise élargit désormais son champ d’action aux prises de parole publiques intervenues dans la foulée de la tentative de déstabilisation institutionnelle.
Selon plusieurs sources concordantes, deux figures civiles ont été interpellées ces dernières heures dans le cadre des investigations en cours. Il s’agit de la journaliste de la télévision nationale Angela Kpeidja et du député Sounon Boké, élu du parti d’opposition Les Démocrates.
Le post controversé d’Angela Kpeidja
Angela Kpeidja aurait été interpellée par des agents du Centre national d’investigation numérique (CNIN), à la suite d’une publication diffusée sur Facebook dans les minutes ayant suivi l’annonce de la mutinerie, avant d’être supprimée. Dans ce message, la journaliste s’interrogeait publiquement sur l’absence du chef d’état-major de la Garde républicaine, en des termes jugés sensibles dans le contexte des événements. Le lendemain, le 8 décembre, elle est revenue avec une capture de sa publication supprimée pour en justifier le sens, affirmant notamment être « profondément républicaine » et l’avoir, d’après elle, démontré à plusieurs reprises sur sa page Facebook.
Selon nos informations, les enquêteurs cherchent à déterminer si ce contenu est susceptible de relever de la qualification d’« apologie de coup d’État », une infraction particulièrement grave au regard du contexte sécuritaire actuel. À ce stade, aucune inculpation officielle n’a été rendue publique.
Un message WhatsApp au cœur de l’interpellation du député Sounon Boké
Dans la continuité de cette démarche, le député Sounon Boké a, à son tour, été interpellé par la police républicaine. L’élu, récemment au centre de l’actualité politique après une annonce de démission aussitôt retirée, aurait été conduit au CNIN pour les besoins des investigations. Selon des informations non officielles, il aurait été placé en garde à vue après son audition.
L’interpellation du parlementaire serait liée à des messages diffusé dans un groupe WhatsApp dont l’un a été supprimé par l’administration du groupe. D’après une capture d’écran consultée par nos sources, le député de la deuxième circonscription électorale aurait publié, dans la matinée du dimanche 7 décembre, un message bref, « C’est la fête », accompagné d’un emoji exprimant une satisfaction manifeste, tout ça avant d’apprendre comme tout le monde que la mutinerie a été avortée.
Là encore, les enquêteurs s’attachent sûrement à apprécier le sens, le contexte et la portée de cette publication, afin de déterminer si elle peut être assimilée à une forme d’approbation ou de banalisation de la tentative de rupture de l’ordre constitutionnel.
Vers un traitement judiciaire global
Ces différentes interpellations s’inscrivent dans une stratégie judiciaire plus large visant à traiter la crise du 7 décembre dans toutes ses dimensions. Après les auteurs présumés de la mutinerie, poursuivis pour des chefs lourds tels que la trahison, l’assassinat et l’attentat contre la sûreté de l’État, la justice s’intéresse désormais aux discours, publications et prises de position susceptibles d’avoir encouragé, légitimé ou banalisé les faits.
Selon plusieurs indiscrétions, d’autres interpellations pourraient suivre. À ce stade, il convient toutefois de préciser qu’aucune communication officielle n’a encore été faite par les autorités judiciaires sur l’ensemble des procédures en cours ni sur les qualifications pénales éventuellement retenues contre les personnes interpellées. Les enquêtes se poursuivent.
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