Coton, Bénin – Alors que la campagne cotonnière 2024-2025 suit son cours, les récentes données du Programme régional de la production intégrée du coton en Afrique (PR-PICA) confirment la résilience du secteur au Bénin, mais soulignent également l’intensité de la compétition sur le continent.
Avec une prévision de production de 669 000 tonnes de coton graine, le Bénin pourrait retrouver une place de choix parmi les plus grands producteurs africains, mais reste sous la menace du Mali et de la dynamique régionale. À quoi faut-il s’attendre à l’issue de cette campagne décisive ?
Des signaux encourageants malgré la pression malienne
Les dernières données du Programme régional de la production intégrée du coton en Afrique révèlent que 172 548 producteurs sont engagés dans la filière cotonnière béninoise cette saison. Ce chiffre positionne le pays au deuxième rang sur le continent, juste derrière le Mali, qui compte 212 978 producteurs, et devant le Cameroun, troisième avec 141 276 producteurs. Cette mobilisation reflète la vitalité du secteur, même si le défi reste immense pour reprendre la première place.
Sur le plan des superficies emblavées, le Bénin a franchi un cap avec 535 579 hectares de coton cultivés. Cette progression contraste avec la campagne précédente, où la superficie totale n’avait atteint que 508 359 hectares. Toutefois, le Mali conserve une avance confortable avec 623 042 hectares cultivés, confirmant ainsi sa puissance agricole.
Le rendement à l’hectare pourrait redistribuer les cartes en fin de campagne
Si la superficie est un indicateur clé, elle ne suffit pas à elle seule pour déterminer le classement final des pays producteurs. Le rendement à l’hectare devient un levier stratégique, et à ce jeu, le Bénin possède une carte maîtresse. Avec une prévision de 1 248 kilogrammes de coton graine par hectare, le pays se place devant le Mali, qui affiche une performance plus modeste de 914 kilogrammes par hectare, selon les dernières statistiques.
Toutefois, la surprise pourrait venir du Cameroun. Avec un rendement prévisionnel exceptionnel de 1 570 kilogrammes par hectare, le pays se positionne comme un redoutable concurrent, malgré une superficie emblavée inférieure. La Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, avec respectivement 985 et 865 kilogrammes par hectare, maintiennent leur dynamique mais semblent moins menaçants pour le leadership continental.
Une fin de campagne décisive
Les prochains mois seront déterminants pour départager les grandes nations cotonnières africaines, avec des fins de collecte prévues pour le 30 avril 2025 au Bénin et pour la majorité des pays concurrents. Si le Bénin parvient à maintenir son rendement et à optimiser sa récolte, il pourrait rattraper son retard sur le Mali et revendiquer à nouveau son statut de premier producteur du continent. À l’inverse, si le Mali surpasse ses propres attentes en matière de productivité, il pourrait conserver sa couronne.
Le Cameroun, avec son rendement élevé, pourrait également brouiller les cartes et bousculer la hiérarchie, même s’il part avec un handicap en termes de superficie emblavée.
Au-delà des chiffres, cette compétition pour le leadership cotonnier africain cache des enjeux majeurs pour l’économie béninoise. Le coton demeure l’une des principales sources de devises du pays et un moteur de développement pour des milliers d’exploitants. Retrouver la première place en fin de campagne serait un signal fort envoyé aux investisseurs, aux institutions financières et aux partenaires internationaux.
Le Bénin joue donc bien plus qu’un simple titre de leader africain. Il s’agit d’un enjeu économique, stratégique et symbolique pour une filière qui façonne l’histoire agricole du pays. La campagne 2024-2025 n’a pas encore livré son verdict final, mais une chose est sûre, le Bénin est dans la course.