En ce début d’année, le Bénin a été le théâtre d’une controverse suscitée par un décret, signé par le chef de l’État Patrice Talon, portant création du collège des ministres conseillers à la présidence de la république. Ce décret, notamment son article 4, spécifie que ces ministres sont nommés par décret présidentiel sur proposition des partis politiques de la majorité présidentielle. Cette clause a été vivement critiquée par cinq juristes béninois, dans un recours adressé à la cour constitutionnelle, qui y voient une discrimination contraire aux principes de non-discrimination de la constitution béninoise et de la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples.
L’argument de l’autorité présidentielle
En réponse à ces critiques, Patrice Talon, devant la cour constitutionnelle par l’intermédiaire d’une note lue par le secrétariat général du gouvernement, a défendu la légitimité de ce décret. Il a réaffirmé que la nomination des ministres conseillers relève de son pouvoir discrétionnaire, en insistant sur le fait que sa capacité à réaliser ses projets repose sur une équipe entièrement dédiée à ses objectifs, excluant toute influence contraire à ses initiatives politiques. Pas conséquent, il n’a besoin ni des forces d’opposition ni des membres de la société civile pour mener à bien son programme.
Une stratégie de cohésion politique
Pour le président Talon, le collège des ministres conseillers est une extension stratégique de son gouvernement, visant à assurer la cohésion et la fidélité nécessaires à l’exécution de ses politiques. En écartant non seulement les opposants politiques mais aussi les acteurs de la société civile, Talon consolide une structure décisionnelle homogène, unifiée par une vision commune et une loyauté sans faille. Cela permet une mise en œuvre plus fluide et efficace des actions gouvernementales, sans le risque de dissensions internes ou d’obstruction.
La décision de la cour constitutionnelle
La cour constitutionnelle, sous la présidence du Professeur Dorothée Sossa, a finalement rejeté le recours des juristes. La cour a validé la démarche du président béninois, en jugeant que son pouvoir discrétionnaire en matière de nomination ne viole pas les principes constitutionnels ou ceux de la Charte africaine. Cette décision confirme le droit de Talon de s’entourer uniquement de membres de la majorité présidentielle, écartant ainsi les opposants et les acteurs de la société civile des postes de ministres conseillers.
En conclusion, dans un contexte où le pays n’est pas en crise, il est clair n’y a pas de justification pour inclure ni les forces d’opposition ni les membres de la société civile dans la formation du collège des ministres conseillers. On peut comprendre l’objectif du chef de l’État qui est de former une équipe gouvernementale cohérente et alignée sur sa vision politique, essentielle pour la stabilité et la continuité des politiques publiques. Toutefois, il est crucial de maintenir un dialogue ouvert et constructif avec toutes les parties prenantes pour garantir une gouvernance démocratique et participative.