Finance publique, Bénin – Au 30 juin 2024, la situation de la dette publique du Bénin présente un tableau contrasté, marqué par une gestion prudente mais aussi par des défis persistants. Selon le dernier bulletin statistique de la Caisse Autonome de Gestion de la Dette (CAGD), le taux d’endettement du pays s’est stabilisé à 52,1% du PIB, un niveau qui reste largement en dessous du seuil de 70% fixé par l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA).
Au-delà de ce chiffre, plusieurs aspects méritent une attention particulière pour comprendre les enjeux actuels et futurs de la dette publique du Bénin. Analyse.
Un taux d’endettement maîtrisé
Le principal point à retenir est la maîtrise du taux d’endettement public à 52,1% du PIB. Ce chiffre, stable par rapport au premier trimestre de 2024 (52,4%), témoigne d’une gestion budgétaire prudente de la part des autorités béninoises. La dette publique du Bénin s’élève à 6 756,90 milliards de FCFA, dont 70,7% est constituée de dette extérieure. Cette prédominance de la dette extérieure, majoritairement libellée en euros, expose le pays aux fluctuations des marchés financiers internationaux, une situation qui nécessite une gestion rigoureuse et anticipative.
Les passifs contingents : des risques à surveiller de près
Un autre élément clé de la situation de la dette publique béninoise est la gestion des passifs contingents. Ceux-ci, qui incluent les dettes garanties par l’État et les dettes bancaires des entreprises publiques non garanties, représentent un risque budgétaire latent. À fin juin 2024, la dette garantie par l’État, principalement associée au Port Autonome de Cotonou, s’élève à 23,9 milliards de FCFA, soit 0,2% du PIB. Bien que ce chiffre puisse paraître modeste, il illustre le potentiel de risques budgétaires si ces obligations venaient à se concrétiser.
Les dettes bancaires des entreprises publiques non garanties par l’État, quant à elles, totalisent 294,17 milliards de FCFA, représentant 2,3% du PIB. Bien que ces dettes n’aient pas encore pesé directement sur le budget de l’État, elles nécessitent une vigilance accrue pour éviter qu’elles ne deviennent un fardeau pour les finances publiques.
Viabilité de la dette : Un risque modéré mais constant
L’analyse de la viabilité de la dette, réalisée en mai 2024 par l’État béninois en partenariat avec le Fonds Monétaire International (FMI), conclut que la dette publique du Bénin reste viable, avec un risque de surendettement qualifié de « modéré ». Ce constat est rassurant, mais il souligne également la nécessité pour le Bénin de poursuivre une gestion prudente de sa dette. Les indicateurs de coûts et de risques du portefeuille de la dette publique sont restés stables au cours du deuxième trimestre, mais toute détérioration des conditions économiques mondiales pourrait rapidement modifier ce paysage.
Prêts rétrocédés : Une gestion exemplaire, mais exigeante
Les prêts rétrocédés aux entreprises publiques, bien qu’ils représentent une part modeste de la dette totale (164,47 milliards de FCFA), sont un autre aspect essentiel de la gestion de la dette publique. L’État béninois veille à récupérer les échéances de ces prêts auprès des entreprises bénéficiaires tout en assurant le service de la dette vis-à-vis des créanciers. Cette gestion proactive a permis d’éviter des arriérés jusqu’à présent, mais elle reste un exercice délicat qui nécessite une attention constante.
À l’approche de la fin de l’année 2024, le Bénin doit continuer à renforcer ses mécanismes de gestion de la dette. Le maintien de la discipline budgétaire, la diversification des sources de financement et l’amélioration de la gouvernance des entreprises publiques seront essentiels pour garantir la viabilité de la dette et la stabilité économique du pays.
Au 30 juin 2024, la situation de la dette publique du Bénin est marquée par une gestion maîtrisée mais aussi par des défis importants. Si le taux d’endettement reste sous contrôle, la dépendance à l’égard de la dette extérieure et les risques liés aux passifs contingents exigent une vigilance continue. Le Bénin devra maintenir sa stratégie de gestion prudente tout en s’adaptant aux évolutions économiques mondiales pour assurer un avenir financier stable et durable.