Événement, Bénin – Dans une interview accordée au journaliste Vigile Ahouansè, Richard Boni, politologue béninois et président du mouvement Libéral, a livré une analyse approfondie de l’arrestation de Louis Philippe Houndégnon, ancien Directeur Général de la Police nationale. Avec un style direct, il a abordé plusieurs facettes de cette affaire, tout en insistant sur la nécessité de respecter les principes d’un État de droit.
Richard Boni a exprimé ses réserves sur les conditions de l’interpellation : “On peut déplorer la manière.” Revenant sur les images qui ont circulé sur les réseaux sociaux, il a dénoncé une méthode qu’il qualifie de “cavalière”. Pour lui, “on aurait pu simplement lui envoyer une convocation, l’écouter, et si possible, le poursuivre, s’il y a matière à le poursuivre.”
Le politologue estime que le général, en affirmant publiquement avoir été approché pour participer à un coup d’État, a soulevé des questions légitimes qui nécessitaient des éclaircissements. “Il serait de bon ton qu’on l’interpelle pour qu’il puisse venir s’expliquer sur les commanditaires de ce coup d’État-là. Je pense que dans un État de droit, c’est ce qui se fait.”
Une opposition passive
Interrogé sur le rôle que devrait jouer Louis Philippe Houndégnon dans cette affaire, Richard Boni a souligné l’importance de sa coopération avec les autorités judiciaires. “Il devrait collaborer avec la justice pour pouvoir éclairer cette histoire-là.” Toutefois, il regrette le manque de suivi institutionnel dans cette affaire, pointant notamment la responsabilité de l’opposition politique et de la classe dirigeante.
“On aurait pu le sauver, on aurait pu l’encadrer, le recadrer”, affirme-t-il, en rappelant que l’opposition, avec ses 28 députés, aurait pu prendre des mesures pour formaliser un dialogue avec l’ancien haut fonctionnaire. “Ils auraient pu rapidement former une commission au sein de l’Assemblée nationale, l’interpeller, l’écouter et puis tirer un rapport, même si possible l’officialiser.”
Richard Boni, tout d’abord, reproche à l’opposition de ne pas avoir su anticiper et gérer les déclarations de Louis Philippe Houndégnon. Ensuite, il souligne que “des actions proactives” étaient nécessaires, mais que l’opposition reste “sans activité”, semblant s’ennuyer malgré les nombreux enjeux à relever dans le pays. Par ailleurs, le politologue élargit son analyse au contexte sécuritaire actuel, en rappelant que le général avait soulevé des questions importantes en matière de sécurité. Enfin, selon lui, ces déclarations auraient dû être exploitées comme une opportunité pour renforcer le dialogue entre les institutions.
Une arrestation qui soulève des questions
Interrogé sur les motivations réelles de l’arrestation, Richard Boni ” préfère penser que c’est pour ça qu’on l’a arrêté.” Cependant, il reste prudent, en attendant une déclaration officielle du procureur : “Si on l’a arrêté pour autre chose, on attendra que le procureur, comme à son habitude, vienne nous dire, et à ce moment-là, on fera les commentaires qu’il s’y prête.”
Enfin, il a conclu par une réflexion sur les précédents historiques, se demandant ce qu’aurait fait Louis Philippe Houndégnon s’il avait été en fonction à une époque similaire. “Est-ce que, quand le général Philippe Houndégnon était aux affaires avec l’ancien président Thomas Boni Yayi, si un quidam ou même un autre haut fonctionnaire de son rang sortait et disait : ‘Moi, j’ai été sollicité pour un coup d’État’, quelle aurait été l’action menée ? Je pense qu’il aurait interpellé.”
En guise de conclusion, Richard Boni a réaffirmé son opposition aux méthodes brutales, insistant sur la nécessité d’un respect des procédures légales : “Dans un État de droit, il est essentiel que la justice fonctionne avec sérénité et que les droits des individus soient respectés.”
Pour rappel, l’ancien Directeur Général de la Police nationale est poursuivi pour “harcèlement par voie électronique” et “incitation à la rébellion”, des accusations qui font écho à ses interventions critiques sur les réseaux sociaux et dans les médias. Sa première audience est fixée au 16 décembre 2024.