Gouvernance, Bénin – Le rapport définitif de l’audit de matérialité pour l’année budgétaire 2021, commandé par l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP) et confié au cabinet NIMADEN L. Expertises SARL, a été rendu public le mercredi 13 novembre 2024.
Basé sur l’analyse minutieuse de 115 marchés publics, ce document mentionne des réussites mais surtout des défaillances dans l’exécution des marchés dans plusieurs communes et institutions du Bénin. Entre projets achevés, ouvrages inachevés et problèmes de conformité, ce rapport présente un bilan contrasté, révélant une gestion des fonds publics inégale à travers le pays.
Un bilan encourageant dans certaines communes et institutions
Plusieurs communes se distinguent par une gestion des projets conforme aux attentes, sans aucune anomalie signalée. À Parakou, les deux marchés audités n’ont révélé aucune irrégularité, tout comme à Bassila, où la conformité des travaux a été respectée. La commune de Lalo affiche également des résultats satisfaisants avec un marché audité en totale conformité, de même que Porto-Novo, où deux marchés passés au crible se sont avérés sans problème.
D’autres institutions obtiennent un bilan tout aussi favorable. La Société Nationale des Eaux du Bénin (SONEB) a vu six de ses marchés passés au contrôle, tous jugés conformes. Le Centre National de Sécurité Sociale (CNSS) et l’Université Nationale d’Agriculture (UNA), avec respectivement trois et un marché audité, n’ont révélé aucun problème. Les entités comme la Caisse Autonome d’Amortissement, la Cour Constitutionnelle, le Centre National Hospitalier Universitaire Hubert Koutoukou Maga (CNHU-HKM) ainsi que le Port Autonome de Cotonou affichent également des résultats conformes.
Des dysfonctionnements préoccupants dans d’autres localités
L’audit met en évidence des failles et des retards dans plusieurs communes. À Dassa-Zoumè, un marché reste en difficulté et n’a pu être achevé, tandis que Tchaourou fait face à des problèmes de non-conformité technique sur un chantier de travaux. La commune de Djougou enregistre également des défauts de conformité dans la construction de clôtures, et Bembèrèkè montre une exécution de travaux jugée inadéquate. Abomey-Calavi, avec 14 marchés audités, présente plusieurs points faibles, notamment des problèmes d’archivage, une mauvaise exécution des travaux et le non-fonctionnement du marché urbain de Zinvié.
Des faiblesses structurelles sont aussi notées dans la commune de Toviklin, où l’audit mentionne des fissures et une dégradation de la charpente sur un projet de construction. À Bohicon, l’équipe d’audit relève une sous-utilisation de fournitures de bureau, tandis que Djidja est pointée du doigt pour des problèmes d’estampillage des matériels acquis. La municipalité de Cotonou enregistre, quant à elle, des carences en traçabilité des équipements médicaux destinés au centre hospitalier de Suru-Léré, un manque qui complique la gestion et le suivi de ces biens.
Manque de traçabilité et de vérifications dans certaines institutions
Au sein des institutions nationales, le rapport souligne des carences dans la gestion et la vérification physique des biens et équipements. À l’Agence Béninoise d’Électrification Rurale et de Maîtrise d’Énergie (ABERME), quatre marchés audités révèlent un problème de gestion des stocks, un constat qui pose des questions sur l’optimisation des ressources. Au Ministère de l’Enseignement Maternelle et du Primaire, l’audit note un manque de huit fauteuils ergonomiques sur les vingt initialement acquis.
Le Ministère du Cadre de Vie, du Transport et du Développement Durable est également concerné, avec trois marchés audités dont les résultats indiquent que les travaux de réfection de pistes n’ont pas été menés conformément aux linéaires définis dans les contrats. Ce constat laisse entrevoir des manquements dans le suivi et l’exécution des travaux d’infrastructure. Le Ministère de la Santé fait aussi l’objet de critiques, avec un projet de construction de logement pour infirmiers dans le centre de santé d’Illikimou jugé dangereux en l’état actuel.
Le Ministère de la Justice et de la Législation (MJL) n’a pas pu mener de vérification physique sur cinq marchés, en dépit des efforts de l’auditeur, ce qui limite la transparence sur l’avancement et la conformité de ces projets. Le Centre National de Sécurité Routière (CNSR), quant à lui, est pointé pour un manque d’estampillage de ses équipements, un problème récurrent dans certaines communes et institutions.
À noter que cet audit de 115 marchés publics se divise en 51 marchés de travaux, 47 de fournitures et 17 de prestations intellectuelles. Pour mener à bien sa mission, l’équipe d’audit a adopté une méthodologie rigoureuse, comprenant une phase de préparation, des contrôles documentaires et des visites de sites. La rédaction de La Marina BJ promet de revenir en détail sur certains points critiques de ce rapport.
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