Au Bénin, une réforme significative du conseil économique et social est actuellement en attente d’examen au parlement. Ce projet de loi organique du gouvernement, prévu pour être discuté lors de la session plénière inaugurée hier mercredi, vise principalement, selon nos informations, à revoir la composition de cette institution cruciale du pays.
Selon des sources bien informées, le projet prévoit explicitement d’exclure les organisations syndicales des travailleurs ainsi que les animateurs des espaces communautaires et d’autres groupes sociaux. Cette décision, si elle est adoptée, marquerait un changement significatif dans le fonctionnement du Conseil économique et social, qui actuellement joue un rôle crucial en émettant des avis sur les projets de loi, les ordonnances, les décrets, ainsi que sur les propositions de loi soumis par le gouvernement. Actuellement, l’institution est composé de 30 membres représentant divers secteurs de la société béninoise, dont des désignés par le président de la république, le bureau de l’Assemblée nationale, les organisations d’employeurs, les syndicats de travailleurs, les associations de développement, et d’autres groupes professionnels et sociaux.
Les réactions à cette exclusion annoncée ne se sont pas fait attendre. Les centrales syndicales ont vivement protesté contre cette mesure, organisant une conférence de presse hier mercredi pour exprimer leur indignation et alerter tant l’opinion nationale qu’internationale sur les conséquences potentielles de cette réforme. Moudassirou Bachabi, Secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs du Bénin (CGTB), a également annoncé une demande d’audience avec le bureau de l’Assemblée nationale pour discuter de cette décision controversée. Du côté politique, bien que la commission des lois, de l’administration et des droits de l’homme de l’Assemblée nationale ait voté en faveur de l’examen en plénière de ce projet de loi, des indiscrétions internes suggèrent la possibilité de reporter l’examen en plénière afin de clarifier les implications et d’adresser les préoccupations soulevées par les différentes parties prenantes. Cependant, étant donné que le mandat actuel des membres du conseil économique et social expire le mois prochain, l’adoption de la réforme est vivement attendue par le gouvernement.
Bien que l’objectif de cette réforme soit potentiellement de moderniser et d’optimiser le fonctionnement du conseil afin de mieux répondre aux défis socio-économiques actuels du Bénin, il est légitime de craindre une tentative de centralisation du pouvoir décisionnel, risquant ainsi d’écarter les voix critiques et diversifiées indispensables à une gouvernance effective et équilibrée. Alors que le débat se poursuit au sein des sphères législatives et au-delà, l’avenir de cette institution clé du paysage politique béninois reste une question brûlante qui mérite une attention continue de la part des acteurs nationaux et internationaux.