Les anciens présidents béninois Nicéphore Dieudonné Soglo et Boni Yayi se rendent ce lundi 24 juin à Niamey dans le cadre d’une mission de médiation visant à apaiser les tensions entre le Bénin et le Niger, exacerbées depuis le coup d’État nigérien du 26 juillet 2023. Selon nos informations cette action, menée indépendamment du gouvernement de Patrice Talon, a pour but d’atteindre deux objectifs majeurs : la réouverture des frontières terrestres et la reprise des discussions directes entre les deux gouvernements.
Un contexte diplomatique délicat
Depuis le coup d’État du 26 juillet à Niamey, les relations entre le Bénin et le Niger sont extrêmement tendues, malgré la levée des sanctions de la CEDEAO contre le Niger. Les efforts de rapprochement du président béninois Patrice Talon, consécutifs à la levée des sanctions, ont été rejetés par les autorités de la transition nigérienne, dirigées par le président Abdourhamane Tiani. Ce refus s’est manifesté récemment par le rejet d’un émissaire béninois venu remettre une lettre de Talon à Tiani, soulignant la gravité de la crise diplomatique.
Réouverture des frontières et reprise des discussions directes
La mission des anciens présidents Soglo et Yayi vise à obtenir des autorités nigériennes un accord sur deux points essentiels.
Tout d’abord la réouverture des frontières du Niger avec le Bénin. Malgré la réouverture des frontières terrestres du Bénin avec le Niger, celles du Niger avec le Bénin demeurent fermées pour des raisons de sécurité nationale, selon les autorités nigériennes. Elles soutiennent que le Bénin abrite des soldats français positionnés près des frontières, prêts à attaquer le régime nigérien post-coup d’État. Cependant, le gouvernement béninois a catégoriquement rejeté ces accusations, affirmant qu’aucun soldat étranger n’est stationné sur son territoire avec l’intention d’agresser le Niger. Cette fermeture entrave sérieusement les échanges commerciaux et les déplacements entre les deux pays, le Niger étant le principal partenaire commercial du Bénin avant la crise. Soglo et Yayi espèrent donc convaincre Niamey de rouvrir ces frontières, ce qui serait un signe fort de détente et de coopération.
Ensuite la reprise des discussions directes entre les gouvernements des deux pays voisins. Les médiateurs doivent chercher également à encourager les autorités nigériennes à reprendre les discussions directes avec le gouvernement de Patrice Talon, sans passer par des intermédiaires. Un contact direct est crucial pour résoudre les différends et rétablir la confiance mutuelle.
Des résultats attendus
Si ces objectifs sont atteints, les résultats pourraient être significatifs :
Relance des échanges économiques : La réouverture des frontières permettrait de relancer les échanges commerciaux et économiques, avec des bénéfices considérables pour les deux nations.
Stabilité régionale : Une reprise des relations diplomatiques entre les deux pays contribuerait à la stabilité de la région, offrant un nouvel exemple de résolution pacifique des conflits.
La démarche des anciens présidents Soglo et Yayi mérite d’être saluée pour son ambition et sa bonne volonté. Leur expérience politique et leur stature pourraient être des atouts pour obtenir un accord sur ces points cruciaux. Cependant, le succès de leur médiation dépendra de leur capacité à surmonter les obstacles politiques et à convaincre les autorités nigériennes de l’importance de ces mesures pour le bien des deux pays. Les regards de toute la région sont tournés vers Niamey, avec l’espoir que cette mission pave la voie à une réconciliation durable.
Un Soutien discret
Selon nos sources locales, le président togolais Faure Gnassingbé et l’ancien président nigérien Mahamadou Issoufou ont joué un rôle crucial pour permettre aux deux anciens présidents béninois de se rendre à Niamey ce lundi et d’entamer leur médiation.