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Bénin/Migration : Quand partir ou rester devient une question de survie

L’Institut National de la Statistique et de la Démographie (INStaD) a récemment publié les résultats de la deuxième édition de l’Enquête sur la Migration au Bénin (EMB2), réalisée grâce à l’appui financier de l’Union Européenne. Que retenir de cette étude, menée en deux phases distinctes, offrant une vision détaillée et nuancée des dynamiques migratoires au Bénin?

Deux phases d’analyse pour un diagnostic complet

La première phase de l’enquête, conduite du 24 août au 30 novembre 2020, a consisté en la collecte de données quantitatives. Ces données ont permis de dresser un panorama chiffré des indicateurs migratoires, révélant notamment que huit Béninois sur dix n’ont jamais quitté leur lieu de naissance ou de résidence pour une durée d’au moins six mois. Cette sédentarité prédominante met en lumière l’importance des attaches locales dans la société béninoise.

La seconde phase, réalisée du 18 au 24 juin 2024, s’est focalisée sur la collecte de données qualitatives. Cette étape était cruciale pour comprendre les motivations profondes et les dynamiques sociales derrière les chiffres. En impliquant les autorités communales et d’autres acteurs locaux, cette phase a fourni des informations essentielles pour élaborer des politiques et des programmes adaptés aux réalités du terrain.

Les routes de l’aventure : où vont les migrants ?

Pour les 20% qui décident de migrer, les destinations privilégiées révèlent des tendances régionales marquées. La zone CEDEAO, particulièrement le Nigéria, se distingue comme la principale destination (54%). La zone UEMOA et le reste de l’Afrique suivent avec respectivement 19,2% et 19,6%. En revanche, ceux qui viennent au Bénin proviennent majoritairement de la zone UEMOA (42%) et de la CEDEAO (54%).

Les raisons de la migration sont essentiellement familiales (63%), économiques (15,2%), éducatives (8,1%) et liées au retour définitif ou à la retraite (7,6%). Les décisions sont souvent prises par les parents, envoyant les jeunes pour des raisons d’éducation ou d’apprentissage professionnel.

Migrer pour mieux vivre : Une réalité nuancée

Selon le rapport d’analyse les conditions de vie des migrants s’avèrent généralement meilleures que celles des non-migrants. Cependant, seuls 11,8% des migrants retour et 12,8% des autres migrants peuvent subvenir pleinement à leurs besoins grâce à leurs activités professionnelles. L’emploi reste une préoccupation majeure, bien que la migration semble améliorer les perspectives d’emploi, avec 71,2% des migrants occupant un emploi au moment de l’enquête, contre 48,1% avant leur départ.

L’intégration sociale des migrants est largement facilitée par la présence de réseaux familiaux ou amicaux dans les nouvelles localités. Les migrants retour, bien qu’ils reviennent souvent par choix, font face à des défis financiers importants. La maîtrise de la langue locale joue un rôle crucial dans leur intégration réussie.

Les défis des politiques migratoires

L’enquête met en lumière l’importance de politiques migratoires renforcées pour exploiter pleinement les avantages de la mobilité internationale. Le Bénin, avec ses zones franches économiques comme Sèmè-Kpodji et Glo-Djigbé, possède un potentiel économique significatif à développer. Moderniser les localités rurales pour retenir les jeunes et valoriser les ressources locales est également une priorité.

Cette deuxième édition de l’enquête sur la migration au Bénin fournit une perspective riche et détaillée sur les mouvements migratoires, soulignant à la fois les défis et les opportunités. En comprenant mieux ces dynamiques, le Bénin peut non seulement améliorer la situation de ses migrants mais aussi tirer parti économiquement de ces mouvements. Les défis sont réels, mais les opportunités pour un avenir meilleur le sont tout autant.

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