Diplomatie, Bénin, Chine – Lors de la deuxième journée du Forum sur la coopération Chine-Afrique, la vice-présidente du Bénin, Mariam Chabi Talata, est intervenue lors de la conférence intitulée “Accompagner l’Afrique dans l’industrialisation, la modernisation agricole et le développement vert”. Dans ce cadre, elle a prononcé un discours marquant axé sur l’importance de la transformation locale des matières premières en Afrique. (La Marina BJ & Xinhua)
Face aux défis économiques et alimentaires du continent, Mariam Chabi Talata a insisté sur la nécessité d’adopter une approche plus industrialisée de l’agriculture afin de créer de la valeur sur place et de renforcer la résilience économique des pays africains. Elle a également souligné l’importance de la coopération sino-africaine pour accompagner cette transformation.
Sécurité alimentaire et mécanisation : des priorités pour l’Afrique
Mariam Chabi Talata a d’abord dressé un état des lieux préoccupant de la sécurité alimentaire en Afrique. “La sécurité alimentaire s’impose comme l’un des défis importants auquel doit faire face la plupart des pays du continent africain”, a-t-elle affirmé, soulignant la faiblesse de la production agricole qui est liée à “des difficultés d’accès aux intrants agricoles, les semences et les engrais modernes adaptés”.
Selon la vice-présidente du Bénin, le réchauffement climatique et le stress hydrique qui en découle mettent les systèmes agricoles africains sous pression, les rendant de plus en plus vulnérables. Elle a également pointé “l’inadéquation des techniques culturales” et “la faible mécanisation agricole” comme des obstacles majeurs au développement du secteur.
Pour elle, la mécanisation est essentielle, “La mécanisation contribue à accroître la production agricole, améliorer le timing des opérations, et le traitement des cultures, compenser les pénuries de main-d’œuvre et alléger la pénibilité du travail”, a-t-elle déclaré, appelant à un renforcement des capacités agricoles du continent.
La transformation locale, un levier économique incontournable
La vice-présidente, a mis en avant la nécessité urgente de transformer localement les matières premières produites en Afrique, plutôt que de les exporter brutes, ce qui limite les bénéfices économiques et la création d’emplois. Elle a pris pour exemple le Bénin, où l’agriculture occupe une place centrale.
Avec une production de 700 000 tonnes de coton en 2020, le pays est devenu le premier producteur africain de cette ressource. À cela s’ajoutent d’autres produits clés comme l’anacarde (187 000 tonnes), l’ananas (477 000 tonnes), le karité et le soja. “Tous ces produits sont exportés bruts sans impacts réels sur notre économie et l’employabilité des jeunes”, a-t-elle regretté.
Le Bénin a donc décidé de s’engager dans un processus de transformation industrielle, notamment via le développement de la zone industrielle de Glo Djigbé. “Notre pays s’est engagé depuis quelques années à créer les conditions nécessaires à la transformation locale de ses matières premières”, a expliqué la vice-présidente, soulignant que la création de valeur sur place est une priorité pour booster l’économie nationale et améliorer l’emploi, notamment des jeunes.
La coopération sino-africaine comme catalyseur de l’industrialisation
Mariam Chabi Talata a également mis en lumière le rôle crucial que joue la Chine dans la transformation économique de l’Afrique. “L’assistance technique chinoise concourt dans nos pays, à la modernisation progressive des processus de production”, a-t-elle souligné. Elle a cependant précisé que “le succès de cette transformation résidera dans la mise à échelle des différentes expériences”.
La vice-présidente a encouragé les investisseurs chinois à s’intéresser davantage à l’agro-industrie africaine, en particulier à travers des projets comme la zone industrielle de Glo Djigbé au Bénin, qui offre un cadre favorable à l’expansion des activités industrielles. Elle a exprimé sa conviction que “l’expérience et l’expertise chinoise dans le domaine agro-industriel trouveront dans ce programme une opportunité unique d’expansion”, invitant ainsi les entreprises publiques et privées chinoises à s’impliquer activement.
Une vision ambitieuse pour l’Afrique
Ce discours de la vice-présidente du Bénin Mariam Chabi Talata a servi de plaidoyer puissant pour une nouvelle approche économique en Afrique, fondée sur la transformation locale et la coopération internationale. Elle a rappelé que le développement économique de l’Afrique ne peut plus dépendre de l’exportation de matières premières brutes. La transformation locale est, selon elle, un impératif stratégique non seulement pour renforcer la sécurité alimentaire, mais aussi pour créer des emplois et développer des économies plus résilientes.
La coopération sino-africaine, avec des investissements dans les infrastructures et les secteurs agro-industriels, se positionne ainsi comme un pilier essentiel pour permettre à l’Afrique de franchir un nouveau cap dans son développement. En misant sur la création de chaînes de valeur locales et sur une industrialisation plus poussée, l’Afrique notamment le Bénin peut espérer s’inscrire dans une dynamique de croissance durable et inclusive.