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PROSER-MR/ Bénin : Ce que l’évaluation SES révèle sur les défis pour garantir l’accès à l’eau potable d’ici 2026

Eau, BéninLe Bénin s’est fixé un objectif ambitieux : garantir un accès universel à l’eau potable d’ici 2026 en milieu rural. Le Programme de Sécurisation de l’Eau Potable pour la Résilience en Milieu Rural (PROSER MR) représente une réponse directe à cet enjeu crucial. Cependant, une récente Évaluation du Système Environnemental et Social (ESES) dévoile les défis majeurs à surmonter pour atteindre cet objectif.

Le PROSER MR, lancé en 2021 par le gouvernement béninois, ambitionne de fournir de l’eau potable à près de 969 500 personnes supplémentaires, réparties dans 40 arrondissements ruraux et 24 communes à travers 10 départements du pays. Si le programme semble prometteur sur le papier, l’Évaluation du Système Environnemental et Social (ESES), réalisée dans le cadre de sa mise en œuvre, souligne plusieurs enjeux critiques. En savoir plus.

Des infrastructures hydriques ambitieuses, mais des défis logistiques

L’un des principaux enseignements de l’évaluation concerne la construction des infrastructures nécessaires. Le PROSER MR prévoit la réalisation de 130 forages à gros débit et l’installation de 40 Systèmes d’Approvisionnement en Eau Potable (SAEP) dans des zones rurales souvent enclavées. La phase 1 du projet, estimée à 130 millions de dollars, doit permettre la mise en place de 21 SAEP, dans des départements prioritaires comme l’Atacora, la Donga, le Mono, le Couffo et les Collines.

Toutefois, l’évaluation révèle des défis logistiques de taille, notamment l’accès difficile à certaines zones rurales, ce qui pourrait retarder la mise en œuvre des travaux. La question de l’acheminement des matériaux et de la gestion des chantiers dans des régions enclavées reste l’un des principaux obstacles à la réussite du programme.

Protéger les ressources en eau face aux changements climatiques

L’évaluation met également en évidence les risques liés à la durabilité des ressources en eau. Le PROSER MR inclut des mesures visant à protéger les ressources hydriques, en identifiant les zones de captage et en sécurisant les champs de recharge. Cependant, l’accélération de la désertification, notamment dans le nord du Bénin, constitue une menace pour la pérennité de ces ressources.

Pour pallier ces risques, l’évaluation recommande l’utilisation de solutions techniques innovantes et la création d’infrastructures résilientes. Il est crucial, selon l’ESES, d’adopter des technologies adaptées aux réalités climatiques du Bénin pour garantir l’accès à l’eau potable à long terme.

Capacités institutionnelles : un besoin de renforcement

L’évaluation souligne également un autre défi majeur, le renforcement des capacités des acteurs locaux. Le programme inclut un volet destiné à améliorer la gouvernance et la gestion des ressources hydriques, mais l’évaluation souligne que les communes et agences locales manquent parfois de compétences techniques suffisantes.

L’Agence Nationale de l’Eau Potable en Milieu Rural (ANAEPMR), chargée de mettre en œuvre le programme, devra renforcer ses ressources humaines pour assurer un suivi rigoureux des projets. L’ESES recommande également d’offrir un soutien technique accru aux acteurs locaux afin qu’ils puissent mieux gérer les infrastructures et répondre efficacement aux éventuels conflits sociaux liés à l’accès aux ressources.

Risques sociaux modérés, mais à surveiller

Bien que classé comme comportant des risques environnementaux et sociaux modérés, le programme doit rester vigilant face à certains enjeux. L’évaluation met en garde contre des conflits possibles liés à l’utilisation des terres ou à des restrictions d’accès aux ressources économiques pour certaines populations locales.

Le PROSER MR a anticipé ces défis en incluant un mécanisme de gestion des plaintes et en prévoyant une participation citoyenne accrue. En impliquant les communautés locales, notamment les femmes et les jeunes, dans la gestion du programme, l’objectif est de limiter les tensions sociales et de favoriser une meilleure cohésion au sein des régions concernées.

Le financement : un défi critique

Enfin, l’évaluation ESES met en lumière un enjeu de taille qui est le financement du programme. Si la première phase est partiellement financée par des institutions internationales comme la Banque Africaine de Développement (BAD) et la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD), un déficit de 68 millions de dollars subsiste pour la seconde phase, prévue d’ici 2025 ou 2026.

Le retard dans la mobilisation de ces fonds pourrait compromettre les ambitions du programme. Le gouvernement béninois compte sur le soutien de ses partenaires internationaux pour combler ce manque, mais le risque de retards financiers reste une préoccupation majeure, selon l’évaluation.

Le PROSER MR représente une opportunité unique pour transformer l’accès à l’eau potable en milieu rural au Bénin. Toutefois, l’évaluation révèle les nombreux défis logistiques, environnementaux, institutionnels et financiers que le pays devra surmonter pour atteindre ses objectifs d’ici 2026.

Si les mesures proposées par l’évaluation sont mises en œuvre de manière rigoureuse, le programme pourrait effectivement transformer la vie de centaines de milliers de Béninois. Toutefois, le respect des délais et la gestion efficace des risques seront déterminants pour garantir le succès de ce projet de grande envergure.


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