Droits des femmes, Bénin – Le ministère des Affaires sociales et de la Microfinance du Bénin a récemment publié son rapport national Beijing+30, faisant le point sur les avancées et les défis en matière de droits des femmes et d’égalité des sexes. Ce rapport s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la déclaration et du programme d’action de Beijing, adoptés en 1995, et souligne les progrès réalisés au cours des cinq dernières années dans plusieurs domaines clés.
De la représentation politique des femmes à leur autonomisation économique, en passant par la lutte contre les violences basées sur le genre, le Bénin s’affirme comme un acteur engagé dans la promotion de l’égalité. Voici ce qu’il faut retenir de ce rapport.
Des réformes électorales qui changent la donne pour les femmes
L’un des principaux accomplissements du Bénin dans la promotion des droits des femmes selon le rapport est la réforme électorale de 2019. Cette révision de la Constitution a permis d’accroître la représentation des femmes au Parlement. Depuis cette révision, le code électoral béninois prévoit « vingt-quatre (24) sièges exclusivement réservés aux femmes à l’Assemblée nationale ». Une mesure qui a porté ses fruits : lors des élections législatives de janvier 2023, le nombre de femmes élues est passé de 6 à 29, soit une augmentation significative qui témoigne de la volonté politique de renforcer la participation des femmes à la prise de décision.
Selon les termes du rapport, cette avancée est d’autant plus remarquable que le Bénin s’inscrit dans une dynamique régionale visant à améliorer la participation des femmes dans les instances politiques, contribuant ainsi à un équilibre dans la représentation des genres.
L’Institut National de la Femme : Un rempart contre les violences faites aux femmes
L’un des plus grands symboles de cet engagement en faveur des femmes au Bénin est la création de l’Institut National de la Femme (INF) en 2021. Ce n’est pas juste une institution, c’est un bouclier pour les femmes qui subissent des violences. Doté de la personnalité juridique, l’INF peut se constituer partie civile pour soutenir les victimes dans des affaires de violences basées sur le genre (VBG). En seulement quelques années, l’institut a pris part à « 531 procédures judiciaires » et a déjà obtenu « 318 décisions de justice », selon le rapport.
Mais l’INF ne s’arrête pas aux tribunaux. Il se déploie sur tout le territoire avec des points focaux, organisant des campagnes de sensibilisation et fournissant une prise en charge médicale, psychologique et juridique aux victimes. Ce travail de terrain est crucial pour changer les mentalités et bâtir une société où les femmes ne vivent plus dans la peur de la violence. D’après les statistiques présentées dans le rapport, au cours du premier semestre de l’année 2024, l’Institut National de la Femme (INF) a reçu un total de 975 plaintes. Parmi celles-ci, 181 dossiers ont abouti à des décisions de justice, tandis que 457 dossiers sont encore en cours d’examen devant les juridictions.
Des programmes d’autonomisation économique porteurs de transformation sociale
Le rapport met en avant plusieurs initiatives gouvernementales visant à renforcer l’autonomisation économique des femmes, souvent marginalisées sur le plan financier. Parmi ces initiatives, le programme de microcrédit ALAFIA se distingue. Ce programme a permis à plus de 80 % de femmes vulnérables d’accéder à des financements pour démarrer ou renforcer leurs activités génératrices de revenus. Selon les précisions du rapport, les montants octroyés ont été augmentés au fil des années, passant de 30 000 F CFA à 100 000 F CFA, avec des conditions d’accès et de remboursement simplifiées.
En complément, le programme de filets sociaux productifs « GBESSOKE », mis en place en 2023, offre une subvention pécuniaire à 150 000 ménages pauvres, dont au moins 80 % sont dirigés par des femmes. Ce programme, soutenu par un financement de 98 milliards de F CFA sur quatre ans, a pour objectif d’améliorer les conditions de vie des femmes et de renforcer leur inclusion dans l’économie numérique.
Progrès dans la santé et l’éducation des femmes
La santé et l’éducation des femmes occupent également une place centrale dans le rapport Beijing+30. L’assurance pour le renforcement du capital humain, un projet national de protection sociale, a élargi, selon le rapport, la couverture des soins de santé pour les femmes, couvrant plus de 75 % des soins nécessaires, avec une attention particulière aux besoins spécifiques des femmes et des filles.
Sur le plan éducatif, le Bénin a multiplié les initiatives pour favoriser l’accès des filles à l’école, notamment dans les filières scientifiques et techniques. Le programme 3M (Ma formation, Mon métier, Mon avenir), par exemple, vise à renforcer l’employabilité des jeunes femmes à travers une formation professionnelle adaptée aux besoins du marché du travail. Le rapport souligne également les efforts du gouvernement pour promouvoir l’éducation des filles via des bourses d’études et des campagnes de sensibilisation sur les droits des femmes à l’éducation.
Malgré les progrès notables, le rapport souligne aussi les défis qui restent à relever. La pauvreté, la fracture numérique entre les sexes, et les stéréotypes sociaux persistent et entravent l’égalité des genres. D’après le rapport, le Programme d’Action du Gouvernement (PAG) 2021-2026 place ces problématiques au cœur de ses priorités, avec pour objectif de « ne laisser personne de côté » dans la progression vers une société plus juste et inclusive.