Politique, Bénin – Dans une interview exclusive accordée à Eden TV, Ousmane Batoko, ancien président de la Cour suprême, a partagé ses réflexions sur la situation politique actuelle au Bénin, marquée par l’arrestation et le placement en détention provisoire de l’homme d’affaires Olivier Boko et de l’ancien ministre Oswald Homeky, tous deux accusés de tentative de coup d’État.
Ousmane Batoko a exprimé de profondes inquiétudes quant à l’état de la démocratie béninoise, qualifiant la situation de “dubiesque”, une situation dans laquelle “personne ne comprend ce qui se passe”, y compris le peuple béninois.
Une démocratie sous tension
Lors de l’interview, l’homme de droit n’a pas caché son malaise face aux récents événements. “On ne gère pas un système démocratique dans lequel on a des échos de coup d’État”, a-t-il déclaré, ajoutant que cette situation reflète un problème profond au sein du système politique du pays. Selon lui, le manque de communication et d’informations claires à destination du peuple crée un climat de confusion générale, plongeant la population dans un état d’incertitude. “Personne n’a les bonnes informations pour rassurer la population”, a-t-il souligné, avant de conclure que, dans cet environnement, “ça ne va pas”.
En dépit du fonctionnement apparent des institutions, telles que la Cour suprême ou le gouvernement, Batoko a exprimé des doutes sur l’état d’esprit de leurs responsables. Il se demande si les “animateurs de ces institutions” agissent avec la sérénité nécessaire pour remplir leurs missions, ou s’ils sont eux-mêmes pris dans une atmosphère de “cafouillage”. Ce constat l’amène à s’interroger : “Est-ce que la barque Bénin est dans des mains rassurantes aujourd’hui ?”.
Des institutions en quête de sérénité
L’ancien président de la Cour suprême a exprimé son inquiétude quant à la situation des dirigeants des institutions clés du pays. Selon lui, le véritable problème ne réside pas uniquement dans les individus, mais dans le système en place et l’ambiance générale dans laquelle opèrent les responsables de ces institutions. “Dans quel état d’esprit se trouvent aujourd’hui le président de l’Assemblée nationale, le président de la Cour constitutionnelle, le président de la Cour suprême, ou encore le président de la CENA ?”, s’est-il interrogé.
Ces questions traduisent une profonde inquiétude quant à la capacité des institutions à fonctionner dans un climat de confiance et de transparence. Pour le président Ousmane Batoko, le malaise généralisé au sein du pays est également le reflet d’une gouvernance qui, selon lui, ne permet pas à la démocratie béninoise de “respirer”.
Une incompréhension face aux accusations de coup d’État
L’un des moments forts de l’interview a été lorsque Ousmane Batoko a exprimé son incompréhension face aux accusations portées contre Olivier Boko et Oswald Homeky. “Je ne peux imaginer que le ministre Homeky, et encore moins Olivier Boko, puissent être confondus avec une si grave immaturité politique”, a-t-il affirmé, rejetant l’idée que des personnes aussi proches du président puissent être impliquées dans un coup d’État.
Pour lui, il est incompréhensible que des individus aussi proches du président, qu’il a qualifiés de “proximité immédiate”, soient aujourd’hui accusés de complot. “C’est les gens du fond de sa culotte aujourd’hui qui posent problème”, a-t-il ajouté avec une image forte pour illustrer l’intimité des relations entre Patrice Talon et les accusés. En dépit de la gravité de la situation, il s’est montré sceptique quant à la véracité des accusations, estimant que de telles accusations relèvent davantage d’une “immaturité” que d’une véritable tentative de déstabilisation politique.
En conclusion, Ousmane Batoko appelle à une révision du code électoral pour “mieux l’aérer” et permettre à la démocratie béninoise de respirer à nouveau. “La démocratie béninoise aujourd’hui ne respire pas”, a-t-il insisté, avant de conclure que le pays doit retrouver un climat apaisé pour faire face aux défis qui l’attendent.