Foncier, Bénin – Portée par la dématérialisation de ses services et une meilleure captation des actes fonciers, l’Agence nationale du Domaine et du Foncier (ANDF) renoue avec la croissance au premier trimestre 2025.
À contre-courant d’un contexte budgétaire encore tendu, l’Agence nationale du Domaine et du Foncier enregistre des signaux positifs. Selon les données officielles disponibles à la fin du premier trimestre 2025, l’institution a mobilisé 758,6 millions de francs CFA, soit une hausse de 12,4 % par rapport à la même période en 2024. Cette progression, bien qu’en deçà du rythme annuel requis pour atteindre l’objectif de 5 milliards de francs CFA, témoigne d’un réveil progressif de la performance domaniale.
Une reprise toujours portée par la réforme
L’explication se trouve du côté des réformes engagées ces dernières années pour moderniser la gestion du foncier public. La dématérialisation des services – pierre angulaire de cette mutation – a contribué à fluidifier les démarches, à réduire les délais et à sécuriser les flux financiers. Les effets commencent à se faire sentir dans les recettes.
Premier indicateur , les confirmations de droits fonciers, principal levier de mobilisation, ont rapporté 318 millions de francs CFA, représentant 42 % des recettes totales du trimestre. Un bond de 90 % par rapport à la même période de l’an dernier, qui illustre l’appétence croissante des citoyens pour la régularisation foncière dans un environnement juridique plus stable.
Autre poste en nette reprise, les baux emphytéotiques, qui passent de 0,1 million en 2024 à 194,9 millions de francs CFA collectés au premier trimestre 2025. Ce décollage, spectaculaire, est le fruit d’un renforcement du suivi des loyers dus par les titulaires de ces baux à long terme, souvent négligés dans le passé.
Des écarts entre prévisions et réalisations
Cependant, tous les indicateurs ne sont pas aussi dynamiques. Les morcellements fonciers, par exemple, ont généré 82,7 millions de francs CFA, loin des 183,9 millions attendus. Une performance partielle (45 %) qui interroge encore sur la célérité administrative de ce type de traitement. À l’inverse, les mutations surprennent avec 71,3 millions de francs CFA collectés, alors que l’objectif trimestriel n’était que de 24,9 millions. Un écart positif qui reflète un élargissement du champ des transactions déclarées et une amélioration du recouvrement.
Les hypothèques, elles, se démarquent par leur dépassement d’objectif : 59,3 millions mobilisés contre une prévision de 55,8 millions, soit un taux de réalisation de 106 %. En 2024, aucune recette n’avait été enregistrée à ce poste à la même période, signe d’une montée en puissance des mécanismes de garantie foncière, notamment dans les opérations de crédit.
Cap sur une mobilisation progressive
L’analyse par grande catégorie de recettes confirme la prépondérance des titres fonciers, avec 401,5 millions de francs CFA encaissés sur une cible annuelle ambitieuse de 3,6 milliards. Suivent les inscriptions foncières (152,4 millions collectés), la gestion du domaine de l’État (195 millions) et les recettes diverses, comme les dénonciations ou radiations, qui représentent à peine 2 % du total.
L’ensemble de ces résultats révèle un système en transition, dont les performances actuelles, encore fragiles, doivent être consolidées. Pour y parvenir, l’ANDF devra non seulement poursuivre ses efforts de digitalisation, mais aussi renforcer le maillage territorial de ses services, améliorer la lisibilité des procédures et lutter contre les lenteurs institutionnelles.