Entrepreneuriat, Bénin – À travers une vidéo diffusée sur ses propres réseaux sociaux et ceux de son groupe Top Chrono, le patron béninois Régis Facia a marqué les 30 ans de son entreprise par un témoignage personnel rare. L’occasion de revenir sur une trajectoire emblématique de l’entrepreneuriat africain, forgée entre vision, résilience et transmission.
Une prise de parole singulière, sobre, sans artifice, pour marquer les trois décennies d’existence de Top Chrono, son entreprise fondée en 1995. Face caméra, le chef d’entreprise béninois remonte le fil de son parcours. Il évoque les débuts sans financement bancaire, l’aide décisive d’une sœur croyant en son projet, la défunte épouse qui a porté leur foyer à bout de bras pendant les premières années. Et surtout, cette conviction chevillée au corps : que le Bénin pouvait compter sur ses propres talents pour bâtir un service logistique de qualité, à dimension régionale.
Un groupe, un cap, un continent
De cette ambition est né Top Chrono, aujourd’hui présent dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Togo, Niger, Côte d’Ivoire et Burkina Faso) et partenaire de poids lourds tels que FedEx, Bolloré, Géoposte ou Sodexi. « L’entrepreneuriat, c’est aussi des rencontres, des opportunités », affirme Régis Facia.
Si l’ascension est remarquable, elle ne doit rien au hasard. Dans sa vidéo, Facia insiste sur les leviers : la confiance des premiers clients, l’engagement des équipes, la diversification des activités – notamment avec Top Food – et l’intégration dans les cercles patronaux nationaux, dont il est devenu premier vice-président au Bénin.
Plus qu’un bilan, c’est une vision de l’entrepreneuriat africain qu’il déploie : celle d’un combat quotidien, exigeant, mais possible. « L’entrepreneuriat a ceci de particulier : il n’exige ni genre, ni âge, ni même de formation. Il suffit d’avoir foi en son projet et d’y travailler sérieusement », résume-t-il.
Message à la jeunesse et réflexions sur l’héritage
Le passage le plus marquant de cette prise de parole reste sans doute celui adressé à la jeunesse. Loin des injonctions, le diplômé de Grenoble École de Management, également consul honoraire du Vietnam près le Bénin, s’adresse aux jeunes comme un pair qui sait ce que coûte la réussite, mais aussi ce qu’elle enseigne.
Dans un continent secoué par les transitions numériques, les crises de confiance et les modèles économiques importés, il plaide pour un entrepreneuriat enraciné et innovant à la fois.
Et lorsqu’il évoque l’avenir de son entreprise, il le fait avec lucidité. Ses enfants ont visiblement choisi d’autres chemins – il respecte ce choix. Mais il formule un vœu : que Top Chrono lui survive. Car au-delà de l’entreprise, c’est une expérience, une culture d’entreprise et une mission qu’il entend léguer.
En trente ans, Régis Facia n’a pas seulement bâti un groupe logistique. Il a écrit, en filigrane, un chapitre discret mais essentiel de l’histoire économique du Bénin. Un chapitre qu’il appartient désormais à la nouvelle génération de poursuivre – ou de réinventer.