Opinion, Bénin – Alors que les accusations de Michel Alokpo, rapporteur du Copil, sur le processus de recrutement des experts pour l’audit du fichier électoral ont récemment alimenté la polémique, Jean-Baptiste Elias, président du Comité de pilotage (Copil), a livré ce dimanche 20 juillet sa version des faits sur ESAE TV.
Une intervention attendue, au cours de laquelle il s’est montré offensif, documents et arguments à l’appui, pour démonter ce qu’il qualifie de « contre-vérités ».
Une affaire de diplôme à l’origine du différend ?
Pour Jean-Baptiste Elias, la source du malaise serait d’abord personnelle. Michel Alokpo aurait mal digéré de ne pas avoir été retenu pour faire partie de la commission d’ouverture et d’évaluation des candidatures. En cause : son niveau de qualification. « Monsieur Michel Alokpo n’a présenté que la capacité en droit. Et la capacité en droit, c’est l’équivalent du bac. Point. Pas plus », précise Jean-Baptiste Elias, évoquant le processus ayant abouti à la désignation du juriste parmi les membres du Copil, sans toutefois l’intégrer à la commission d’évaluation.
Face à lui, deux autres membres du Copil, Mounirou Bachabi et Jean-Baptiste Elias lui-même, affichaient des diplômes de niveau maîtrise et DEA en droit. « Dans ces conditions, on a choisi le juriste, monsieur Bachabi, qui a la maîtrise et le DEA. Voilà d’où est parti le problème », affirme-t-il.
Short-list : Elias exige des preuves
Au cœur des accusations de Michel Alokpo figure également l’existence d’une short-list d’experts prétendument imposée en amont par Jean-Baptiste Elias et Kassim Chabi, du parti Les Démocrates. Une allégation balayée d’un revers de main. « Je répète à nouveau : je n’ai jamais remis une quelconque short-list à monsieur Alokpo », martèle le président du Copil. « Qu’il apporte la preuve de ce qu’il dit. Mieux, il affirme que Jean-Baptiste Elias a fait la liste avec Kassimou Chabi. C’est faux. Je n’ai jamais fait une liste avec lui. »
Autre point controversé : la supposée proximité entre les quatre experts internationaux retenus et Jean-Baptiste Elias. Là encore, ce dernier se montre catégorique : « Je vous le dis en toute transparence : jamais je n’ai vu aucun des quatre experts avant le 7 juillet 2025 (date de leur arrivée au Bénin). »
Il évoque une rencontre avec les experts, en présence de sept témoins – dont des membres de la commission et du Copil – pour démontrer qu’aucun lien personnel n’existait avant cette date.
« Si Michel Alokpo pense que ce sont mes amis, qu’il apporte un seul témoin capable de l’attester », lance-t-il.
La polémique sur l’assistant rémunéré
Michel Alokpo a également dénoncé l’embauche d’un assistant, Horace Adoukonou, rémunéré 500 000 FCFA sur deux mois, qu’il présente comme un « ami personnel » de Jean-Baptiste Elias.
Ce dernier ne nie pas avoir sollicité ledit assistant, mais relativise : « Ce n’est pas faux. Je le connais. Il a travaillé avec moi à certains niveaux. Mais ce n’est pas une affaire d’amis. »
Concernant la rémunération, il assume : « Oui, monsieur Adoukonou gagne 500 000 FCFA. C’est ce qu’on a mis dans son contrat. » Puis, il réplique à son accusateur sur un ton plus mordant « Il [Michel Alokpo] a oublié de vous dire combien, lui, il gagne. Moi, je ne gagne rien. Il m’a même interdit de révéler son salaire. Posez-lui la question.»
Interrogé sur l’existence d’un différend personnel antérieur avec Michel Alokpo, Jean-Baptiste Elias répond simplement par un « Non »..Mais l’échange a laissé transparaître des tensions plus profondes. L’homme fort du Copil reproche à son collègue une volonté manifeste de nuire par médias interposés : « S’il y a des choses qui ne lui plaisent pas, s’il a des griefs contre X ou Y, qu’il les dise. Mais venir dire des contre-vérités pour informer malencontreusement les citoyens, la responsabilité lui incombe. »