Finances publiques, La Marina BJ — Dans son projet de loi de finances pour la gestion 2026 transmis à l’Assemblée nationale, le gouvernement béninois mise sur une coopération internationale plus sélective et orientée vers l’impact. Les dons-projets, moteur essentiel du financement du développement social et productif, s’élèvent à 54,6 milliards de FCFA, traduisant un recentrage stratégique après plusieurs années d’efforts exceptionnels liés aux urgences sanitaires et économiques.
Entre 2023 et 2026, les ressources extérieures sous forme de dons ont connu une évolution contrastée : 78,85 milliards de FCFA en 2023, 66,7 milliards en 2024, 63,08 milliards en 2025, avant de s’établir à 54,67 milliards de FCFA pour 2026. Selon la note narrative de la direction générale du budget, cette baisse progressive — près de 30 % sur trois ans — ne reflète pas un désengagement, mais une rationalisation des financements dans un contexte de consolidation budgétaire et de sortie des plans de relance post-Covid-19.
Des bailleurs toujours au rendez-vous
Malgré la contraction des volumes, les partenaires techniques et financiers (PTF) confirment leur confiance dans le modèle de gouvernance béninois. La Banque allemande KfW demeure le premier contributeur, avec une part de 27,2 % du total (14,869 milliards de FCFA), devant l’Union européenne (15,3 %), l’Agence française de développement (13,3 %) et l’Association internationale de développement (11,5 %).
Ensemble, ces quatre acteurs concentrent plus des deux tiers des dons inscrits dans le budget 2026.
S’y ajoutent la Banque arabe pour le développement en Afrique (BAI), le Fonds africain de développement (FAD), le Fonds vert pour le climat (FVC) et la Banque mondiale, qui ciblent principalement les projets liés à l’environnement, aux infrastructures et à la sécurité alimentaire.
Les secteurs clés demeurent prioritaires
Pour 2026, les financements extérieurs visent les domaines jugés les plus porteurs pour la croissance inclusive. L’agriculture demeure en tête de file, reflet de la stratégie gouvernementale visant à renforcer la souveraineté alimentaire et à moderniser les filières productives. Des programmes comme le PADAAM (Projet d’appui au développement agricole et à l’accès au marché), le PRIMA (Projet régional d’intégration des marchés agricoles) ou encore le ProFiNA (Projet de promotion du financement agricole) mobilisent l’appui du FIDA, de l’AFD et de la KfW pour améliorer la productivité, l’accès aux marchés et la résilience des exploitations rurales.
Le secteur de l’énergie et de l’eau figure également parmi les principaux bénéficiaires, avec des interventions ciblées sur l’électrification et l’accès aux services essentiels. L’Union européenne, la KfW et le Japon soutiennent notamment la densification du réseau électrique à travers le PEDER et le programme FORSUN, ainsi que le renforcement des infrastructures hydrauliques dans les départements du Couffo, du Plateau et du Grand Nokoué. Ces projets s’inscrivent dans la logique d’un développement durable et inclusif, en lien avec les Objectifs de développement durable (ODD).
Dans le domaine de l’éducation, les partenaires tels que l’AID, le COS et la KfW accompagnent la transformation de l’enseignement technique et de la formation professionnelle (EFTP), à travers des projets favorisant la qualité des apprentissages et l’insertion des jeunes sur le marché du travail. Parallèlement, les efforts en matière d’environnement et de climat se poursuivent, grâce au concours du Fonds vert pour le climat et du PNUE, qui financent des programmes de restauration des écosystèmes, d’adaptation aux changements climatiques et de protection des zones côtières.
Enfin, le volet infrastructures reste stratégique. Avec le concours du Koweït Fund for Arab Economic Development (KID), le gouvernement béninois engage le bitumage de la route Djougou–Péhunco–Kérou–Banikoara, un axe structurant pour la connectivité du nord du pays et le désenclavement des zones à fort potentiel agricole. Ensemble, ces initiatives traduisent la cohérence d’une coopération extérieure orientée vers des résultats tangibles, où chaque projet vise à renforcer la résilience économique, sociale et environnementale du Bénin.
En résumé, le projet de budget 2026 confirme la confiance des partenaires dans le modèle béninois. Moins d’argent, mais plus de cohérence, plus d’impact et une orientation résolument tournée vers la durabilité : c’est le nouveau visage de l’aide extérieure au Bénin.