Politique, La Marina BJ – La proposition de révision de la Constitution, déposée le 31 octobre 2025 par les présidents des groupes parlementaires de la mouvance, Assan Séibou (Bloc Républicain) et Aké Natondé (Union Progressiste le Renouveau), a été déclarée recevable par l’Assemblée nationale grâce à 87 voix pour et 22 contre.
Cette première étape, avant celle de l’adoption, ouvre officiellement le processus de modification de la loi fondamentale, un chantier institutionnel délicat qui ressurgit cinq ans après la dernière révision de 2019 et qui place l’ensemble de la classe politique devant un débat à forts enjeux démocratiques, juridiques et politiques.
Un débat préliminaire
Avant le vote, la plénière a été marquée par une série d’interventions qui illustrent la profondeur des divisions autour du projet. Le Député du parti d’opposition Les Démocrates, Éric Houndété, a dénoncé un rapport « limité à la recevabilité » et a alerté sur de possibles atteintes au principe de séparation des pouvoirs. Son collègue Antonin Hounga a contesté « l’urgence » d’une telle réforme, appelant plutôt au dialogue politique. À l’opposé, les députés pro-révision comme Benoît Dègla du Bloc Républicain ont défendu une initiative utile à « tous les camps », tandis que Nicaise Fagnon a présenté la création du Sénat comme un moyen d’atténuer la « politique politicienne ». Ce contraste d’arguments a donné le ton d’un débat qui s’annonce long et sensible.
Le choix du vote secret
La question du mode de scrutin a elle-même cristallisé les tensions. Alors que Nourénou Atchadé (Les Démocrates) plaidait pour un vote public « afin que chacun assume sa position », Nicaise Fagnon (UP-R) a demandé un vote secret pour garantir la liberté et la conscience individuelles des députés.
La plénière a finalement opté pour le bulletin secret, une décision adoptée à l’unanimité moins les 22 députés de l’opposition. Avant que les élus ne se rendent dans l’isoloir, le président de l’Assemblée nationale, Louis Vlavonou, a dû rappeler qu’il est « interdit d’y entrer avec un téléphone », signe de la sensibilité politique entourant cette procédure.
Les grandes lignes de la réforme constitutionnelle
Le texte de révision envisage plusieurs modifications majeures, dont la création d’un Sénat composé en grande partie de membres de droit — anciens présidents de la République, anciens présidents de l’Assemblée nationale, anciens dirigeants de la Cour constitutionnelle, des chefs d’état-major — auxquels s’ajouteraient des personnalités désignées par le chef de l’État et le président du Parlement.
Il introduit également un nouvel article 5-1 instaurant une période de « trêve politique » après l’élection présidentielle du 11 avril 2026, pendant laquelle les activités partisanes à finalité compétitive seraient suspendues. D’autres ajustements concernent le droit de propriété (article 22) et la prestation de serment du président de la République (article 53), désormais incluant le Sénat. Ces changements, notamment la restriction temporaire des activités politiques et la forte proportion de membres non élus au sein du Sénat, alimentent des interrogations sur l’équilibre institutionnel et la qualité du pluralisme démocratique.
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