Opinion, La Marina BJ – Validée par la Cour constitutionnelle le vendredi 12 décembre 2025, la révision de la Constitution adoptée par l’Assemblée nationale au petit matin du 14 novembre dernier continue de susciter de vives réactions au sein de la classe politique. Dernier responsable politique en date à se prononcer publiquement : Basile Ahossi, député démissionnaire du parti d’opposition Les Démocrates, qui invite ouvertement le président de la République, Patrice Talon, à ne pas procéder à la promulgation du texte.
Invité sur le plateau de la télévision Crystal News, l’élu de la 17ᵉ circonscription électorale n’a pas dissimulé son hostilité à l’égard des principales innovations introduites par la réforme constitutionnelle. Trêve politique, création d’un Sénat, instauration du septennat : autant de dispositions auxquelles Basile Ahossi dit clairement ne pas adhérer. Soutien déclaré du candidat à la présidentielle Romuald Wadagni, il s’oppose frontalement à la révision constitutionnelle opérée par la majorité parlementaire.
Absent de l’hémicycle lors du vote, le député explique avoir donné procuration à son collègue Djima Ogbon, qu’il qualifie d’« opposant farouche au régime », se disant convaincu que ce dernier, suivant ses instructions, a voté contre la proposition de révision.
Une promulgation jugée inopportune
S’agissant de la promulgation du texte, désormais validé sur le plan juridique (Lire LMBJ du 13/12/2025), Basile Ahossi estime que le chef de l’État « ne doit pas promulguer » la nouvelle Constitution. Interrogé sur l’éventuelle influence des événements sécuritaires du 7 décembre 2025, il reconnaît que cet épisode vient s’ajouter à un ensemble de facteurs qu’il juge défavorables.
Pour le deuxième vice-président de l’Assemblée nationale, le problème est d’abord de fond. « La révision elle-même n’a pas été une bonne chose », affirme-t-il, dénonçant également les conditions dans lesquelles le vote s’est déroulé. Les coupures d’électricité observées lors de la séance parlementaire constituent, selon lui, « une chose qui rabaisse le président de l’Assemblée », Louis Vlavonou, un élément supplémentaire qui, à ses yeux, justifie l’abandon du processus de promulgation.
« J’avoue que je ne souhaite pas qu’il (Patrice Talon, ndlr) promulgue », insiste Basile Ahossi. Et même si certains citoyens estiment que le président de la République ira jusqu’au bout du processus, l’élu considère que « l’homme peut changer à tout moment ».
Une tournée politique vivement critiquée
Autre point de crispation : la démarche de la mouvance présidentielle après l’adoption du texte. Basile Ahossi dit ne pas comprendre que les mêmes acteurs politiques, après avoir écarté l’option du référendum, se lancent dans une tournée nationale destinée à expliquer à la population les nouvelles dispositions constitutionnelles.
« Des choses qu’on ne peut pas expliquer, des choses tordues », tranche-t-il. Pour l’invité du journaliste Vigile Ahouansè, la procédure normale aurait consisté à soumettre le projet en amont au peuple, à la société civile et aux autres forces vives, afin de recueillir leurs avis. Au lieu de cela, déplore-t-il, les membres de la mouvance présidentielle « parcourent le pays à gaspiller les fonds du contribuable, à distribuer les perdiems aux gens, parce qu’on est en déficit de légitimité… ». Pour Basile Ahossi, « ce qu’ils sont allés expliquer là, beaucoup ne comprennent pas ».
Considérant cette tournée comme une forme de sondage politique grandeur nature, Basile Ahossi appelle les responsables de la mouvance à faire preuve de « courage » et de « loyauté » en rendant compte fidèlement au chef de l’État des réactions recueillies sur le terrain. Selon lui, la majorité des populations rencontrées auraient rejeté la révision constitutionnelle, un constat qui renforce davantage son opposition à la promulgation du texte.
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