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Vœux des militants de l’ex-PRD : Que comprendre du message du président Adrien Houngbédji ?

Politique, BéninÀ l’occasion des vœux de nouvel an, Me Adrien Houngbédji s’est adressé à ses compagnons politiques le week-end dernier, délivrant un message à la fois chargé d’histoire et riche en enseignements pour l’avenir. L’ancien président du Parti du renouveau démocratique (PRD) a réaffirmé son attachement aux idéaux fondateurs de sa formation politique, aujourd’hui dissoute dans l’Union Progressiste Le Renouveau (UP-R). Dans un contexte politique où les repères se redessinent, que faut-il retenir de son intervention ?

Dès l’entame de son message, Adrien Houngbédji replonge son auditoire dans l’histoire du PRD, né il y a 35 ans avec l’ambition de bâtir un Bénin fondé sur la démocratie, l’État de droit, la liberté et le rassemblement. Il rappelle avec insistance que ce rêve ne s’est jamais limité à une simple ambition partisane, mais qu’il portait en lui l’aspiration profonde d’un peuple à la stabilité institutionnelle et au progrès partagé.

Pour l’ancien président de l’Assemblée nationale, il ne s’agit donc pas de dresser le bilan de cette utopie démocratique, mais plutôt d’en poursuivre l’accomplissement. Une façon de signifier que, malgré les mutations politiques, l’idéal du PRD doit demeurer une boussole pour ceux qui ont milité sous sa bannière.

Un message implicite aux acteurs politiques actuels

Au-delà de la nostalgie d’un passé politique, le discours de Me Houngbédji semble également contenir des interpellations subtiles. En insistant sur son opposition aux « faux complots », à l’exil politique et aux délits d’opinion, il évoque indirectement certaines réalités de la gouvernance actuelle. Loin de se placer en confrontation directe avec le pouvoir en place, dont il est un soutien affiché et considéré du chef de l’État SEM Patrice Talon , l’ancien leader du PRD rappelle néanmoins les principes démocratiques qui doivent guider l’action publique.

Dans un pays où la scène politique a été marquée par des tensions, des arrestations et des départs en exil de figures de l’opposition, cette mise au point prend une résonance particulière. Adrien Houngbédji semble ainsi adresser un message aux dirigeants du régime auquel il appartient : « Nous avions dit que nous voulons que les Béninois vivent libres grâce à la démocratie et à l’État de droit. Si quelqu’un fait une faute, bien sûr qu’il sera puni. Mais nous ne voulions plus voir des Béninois en exil. Nous voulions qu’ils reviennent tous. Nous ne voulions pas que des Béninois soient en prison pour des délits d’opinion. »

L’Union Progressiste Le Renouveau : une appartenance assumée

Si certains s’attendaient à une remise en question de l’absorption du PRD par l’UP-R, Adrien Houngbédji a clarifié sa position. Il l’affirme sans détour que les militants issus du PRD ont rejoint cette nouvelle formation politique non pour disparaître, mais pour y rester et y exister pleinement. Il insiste sur les symboles intégrés dans l’identité de l’UP-R, notamment l’arc-en-ciel et la mention du « Renouveau », comme autant de témoins de la continuité du combat initial.

Ce passage du discours apparaît comme un appel au ralliement et à la cohésion. Il veut rassurer certains militants qui doutent et s’interrogent : le PRD n’a pas sacrifié son idéal, il le fait vivre sous une autre forme. À 83 ans, Me Adrien Houngbédji semble conscient du poids du temps, mais il ne renonce pas à son rôle de guide moral et politique. Son discours, bien que mesuré, contient une charge émotionnelle forte. Il rappelle les combats menés, les sacrifices consentis et la nécessité de rester fidèle à une vision.

Dans un pays où les partis politiques évoluent au gré des alliances et des recompositions stratégiques, sa prise de parole montre qu’il demeure une référence pour de nombreux militants. En réaffirmant son engagement envers l’UP-R tout en revendiquant l’héritage du PRD, il tente de fédérer autour d’un idéal qui dépasse les clivages immédiats.

Un message à double lecture

Les propos de Me Adrien Houngbédji peuvent sembler exhorter à la fidélité et à la continuité, mais ils contiennent aussi des sous-entendus qui nourriront inévitablement les débats politiques.
Il déclare « C’est la méthode du gouvernement que vous employez qui entraîne la forme d’opposition que vous avez. Si vous faites un gouvernement de liberté, qui va se lever pour aller dire qu’il va faire un coup d’État ? Je voudrais dire qu’avec ce que nous avons vu cette semaine, il faut être franc et honnête, c’est la conséquence de l’exclusion. »

Sans nommer explicitement le principal accusé de l’affaire de complot contre la sûreté de l’État, le président Adrien Houngbédji tient à préciser que « La victime n’est pas mon ami. Donc, ce n’est pas la personne de l’intéressé qui me préoccupe. Ce qui me préoccupe, disait-il, c’est qu’il ne faut pas qu’un jour, quelqu’un entre par la droite et que l’autre sorte par la gauche. Nous devons rester toujours rassemblés pour construire ensemble le pays. »


Il poursuit « Ma conviction forte, c’est que les prisonniers politiques doivent être libérés. Ma conviction forte, c’est que ceux qui sont en exil doivent pouvoir revenir. C’est ainsi que nous avions fait la Conférence nationale. J’en appelle de mes vœux à ce que nous nous retrouvions sous l’arbre à palabres, que nous mettions tout sur la table, que nous discutions de ce qui nous oppose les uns aux autres, et que nous trouvions les solutions permettant à tous les enfants du Bénin de rester ensemble pour construire notre pays. Voilà mon rêve, et voilà le rêve du PRD. »

En réaffirmant son attachement aux valeurs démocratiques et en dénonçant certaines dérives sans les nommer explicitement, il se positionne en sage observateur du paysage politique béninois. Ce discours constitue ainsi un rappel que l’histoire politique du Bénin s’inscrit dans une dynamique de long terme, où les idéaux démocratiques doivent rester une priorité, quelles que soient les évolutions du jeu politique. Un message qui, à quelques mois d’échéances cruciales, pourrait trouver un écho particulier chez ceux qui s’interrogent sur l’avenir du pays et de ses institutions.

Par VSF, Collaborateur extérieur.

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