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Théodore Holo : « Il n’y a pas de nouvelle République au Bénin »

Opinion, BéninL’ancien président de la Cour constitutionnelle du Bénin, le professeur Théodore Holo, a apporté des éclaircissements sur la notion de “Nouvelle République” dans un entretien exclusif avec Bip Radio, au lendemain du rejet du recours de l’ex-ministre Christian Enock Lagnidé par la Cour constitutionnelle. Dans un échange enrichissant avec la journaliste Rachida Houssou, l’éminent expert en droit constitutionnel a expliqué pourquoi le Bénin ne peut prétendre à ce statut, malgré la révision constitutionnelle opérée en 2019.

Lors de l’audience du 6 février 2025, la Cour constitutionnelle a déclaré irrecevable le recours de Christian Enock Lagnidé, qui sollicitait un avis concernant la possibilité pour le président actuel, SEM Patrice Talon, de briguer un nouveau mandat en 2026, ainsi que sur la question d’une potentielle instauration d’une nouvelle République.

Une nouvelle République implique une nouvelle Constitution

Interrogé sur la question d’une éventuelle nouvelle République, Théodore Holo n’a pas hésité à trancher : « Il n’y a pas de nouvelle République au Bénin. » Il a expliqué qu’une nouvelle République, par définition, suppose l’adoption d’une nouvelle Constitution, ce qui n’est pas le cas au Bénin. Il a cité l’exemple du Togo, qui, en passant d’un régime présidentiel à un régime parlementaire, a adopté une nouvelle Constitution. Selon lui, le Bénin a connu une véritable rupture constitutionnelle lors de la Conférence nationale, lorsque le pays a adopté une nouvelle Constitution.

« Nous avons une nouvelle République lorsque nous avons fait notre Conférence nationale et adopté une nouvelle Constitution », a-t-il précisé, martelant que la révision constitutionnelle de 2019 ne saurait être comparée à une nouvelle Constitution, puisqu’elle n’a pas bouleversé les fondements du régime en place.

Les révisions constitutionnelles ne signifient pas un changement de République

L’ancien président de la Cour constitutionnelle a aussi pris exemple sur d’autres pays, en particulier la France, pour illustrer que réviser une Constitution ne signifie pas nécessairement changer de République. « La France a révisé sa Constitution de 1958 à 2024 plus de 25 fois, sans pour autant changer de République », a-t-il rappelé. Il a ajouté que des ajustements comme la limitation du nombre de mandats ou la réduction de la durée du mandat présidentiel en France n’ont pas entraîné la création d’une nouvelle République, mais ont simplement permis une évolution du texte constitutionnel existant.

Ainsi, pour le professeur Théodore Holo, les débats autour de l’idée d’une nouvelle République au Bénin manquent de fondement juridique. « Ce n’est pas parce que les gens disent qu’il y a une Nouvelle République que cela devient une vérité scientifique. », a-t-il conclu, soulignant la nécessité de rester fidèle aux principes juridiques et constitutionnels établis.

Cette position nette de Théodore Holo permet de clarifier les spéculations et de dissiper les malentendus concernant la révision constitutionnelle de 2019. Elle souligne l’importance de distinguer une simple réforme constitutionnelle d’un véritable changement de République. Alors que les enjeux politiques s’intensifient à l’approche de l’élection présidentielle de 2026, cette clarification apporte un éclairage indispensable sur les principes qui régissent le système politique et constitutionnel du Bénin.

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