Procédures collectives, Bénin – Selon nos informations, ce lundi 16 septembre 2024, le Tribunal de Commerce de Cotonou se prononcera sur l’avenir du Comptoir de Distribution de Produits Alimentaires (CDPA) SARL, une entreprise fondée par ”l’entrepreneur vertueux ” Jean-Baptiste Satchivi, ancien président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin de 2014 à 2019..
Avec ses avocats, Maîtres Victorien Fade, Renaud Agbodjo et Brice Zinzindohoué, la CDPA SARL espère obtenir une décision favorable du juge entérinant un accord avec ses créanciers, dans le but d’éviter la liquidation judiciaire. À défaut, l’entreprise pourrait voir ses actifs liquidés, marquant ainsi la disparition d’un acteur clé du secteur agroalimentaire béninois.
Un long processus de redressement
Les difficultés financières de CDPA SARL ne seraient pas nouvelles. En 2019, le Tribunal de Commerce de Cotonou avait déjà ouvert une procédure de redressement judiciaire, face à l’incapacité de l’entreprise à honorer ses dettes. Un concordat de redressement avait été homologué en mars 2021, permettant à CDPA de poursuivre ses activités tout en négociant avec ses créanciers. Cependant, ce sursis temporaire n’aurait pas suffi à remettre l’entreprise sur pied. L’audience de ce lundi viserait à déterminer si l’entreprise pourrait obtenir un nouvel accord pour rééchelonner ses dettes ou si une liquidation serait inévitable.
Un prêt de 10 millions d’euros insuffisant ?
En 2013, CDPA SARL avait reçu un prêt de 10 millions d’euros (environ 6,6 milliards de FCFA) de la part de deux institutions financières européennes, Proparco et BIO. Cet investissement avait pour objectif de soutenir la filiale avicole de CDPA, Agrisatch, et d’accroître la production de volaille au Bénin, où la demande dépassait largement l’offre locale. Moins de 20 % du marché de la volaille était alors couvert par la production nationale. Cependant, malgré ce soutien financier important, CDPA n’a pas réussi à redresser durablement sa situation économique, soulevant des interrogations sur la gestion de ces fonds.
En plus des difficultés financières locales, CDPA SARL est également confrontée à un litige commercial international qui aurait aggravé la situation. En janvier 2020, le Tribunal de Commerce de Cotonou avait autorisé l’exécution d’un jugement rendu en 2019 par le Tribunal de première instance de Monaco. Ce jugement condamnait CDPA SARL à verser plus de 613 000 euros (environ 402 101 641 FCFA)à la société monégasque La Compagnie du Cap Blanc S.A pour des créances commerciales impayées. Cette dette supplémentaire alourdit encore la situation financière de l’entreprise.
Deux scénarios possibles : accord ou liquidation
Le sort de la CDPA SARL repose désormais sur deux scénarios. Dans le premier, le juge considère que le concordat demeure adapté aux attentes des créanciers, permettant ainsi à l’entreprise de rééchelonner ses dettes et de poursuivre ses activités. Les créanciers devront alors accepter de nouvelles modalités de remboursement, offrant un répit à la CDPA SARL.
Dans le second scénario, si le juge estime que le concordat n’est plus adéquat, la liquidation deviendra inévitable. Cela entraînerait la vente des actifs de l’entreprise afin de rembourser partiellement ses créanciers. Ce dénouement marquerait la disparition d’une entreprise autrefois incontournable dans le secteur agroalimentaire béninois, avec des répercussions notables pour ses employés et ses fournisseurs.
L’avenir de CDPA SARL est donc suspendu à la décision du tribunal ce lundi. L’issue de cette audience déterminera si l’entreprise peut obtenir une nouvelle chance de se redresser ou si elle doit se résoudre à la liquidation. Les yeux des créanciers, des fournisseurs, des employés et des concurrents de CDPA SARL sont rivés sur cette audience, conscients des répercussions majeures que cette décision aura sur le futur du secteur agroalimentaire au Bénin. À suivre.
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