Microfinance, UMOA, Benin – Le dernier rapport de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), publié le 11 novembre 2024, dresse un bilan détaillé de l’évolution du secteur de la microfinance au sein de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) pour le deuxième trimestre de 2024. Pour le Bénin, les indicateurs montrent des tendances positives qui s’inscrivent dans une dynamique régionale, tout en reflétant des particularités locales.
Augmentation des dépôts : le Bénin enregistre 2,2 % de croissance
Selon le rapport, à la fin juin 2024, le secteur de la microfinance de l’UMOA comptait 539 Systèmes Financiers Décentralisés (SFD), servant 18,9 millions de clients par un réseau de 4 921 points de service. Par rapport à l’année précédente, cela représente une augmentation notable du nombre de clients et d’établissements, soutenant la collecte de dépôts qui a atteint 2 416,7 milliards FCFA (+2,8 % par rapport au trimestre précédent, et +10,7 % sur un an).
Au Bénin, les dépôts des SFD ont progressé de 2,2 % au cours de ce trimestre, soit une augmentation de 4,3 milliards FCFA. Ce chiffre, bien qu’inférieur à celui de pays comme le Burkina Faso (+3,8 %) ou le Sénégal (+3,1 %), démontre une confiance croissante des Béninois dans les institutions de microfinance. Les dépôts à vue représentent toujours 55,4 % des fonds, tandis que les dépôts à terme et autres dépôts contribuent respectivement à 23,5 % et 21,1 %.
Les dépôts des SFD de l’UMOA révèlent une structure inclusive, malgré des disparités entre les groupes. Selon le rapport, les hommes détiennent 43,8 % des dépôts, les groupements 35 %, et les femmes 21,2 %. Pour le Bénin, le montant moyen des dépôts par client a atteint 127 710 FCFA à la fin de juin 2024, marquant une légère hausse de 0,4 % par rapport au trimestre précédent et une croissance annuelle de 4 %.
Crédits : une hausse limitée au Bénin
L’encours des crédits des SFD de l’UMOA a atteint 2 561,2 milliards FCFA au 30 juin 2024, soit une hausse trimestrielle de 1,7 % (+14 % sur un an). Cependant, la croissance du crédit au Bénin reste plus modérée, avec un ajout de 910,9 millions FCFA, soit une progression de 0,4 %. À titre de comparaison, le Sénégal affiche une augmentation de 5,9 %, alors que des pays comme le Burkina Faso (-0,6 %) et le Mali (-2,1 %) ont vu une baisse de l’encours des crédits.
Les prêts à court terme demeurent dominants, représentant 49,7 % de l’ensemble des crédits, tandis que les prêts à moyen terme comptent pour 30,1 % et les prêts à long terme pour 20,2 %. Au Bénin, la répartition par genre des bénéficiaires de crédits montre que 52,3 % sont attribués aux hommes, contre 19 % pour les femmes et 28,7 % pour les groupements.
Bien que le secteur de la microfinance enregistre des progrès, la qualité du portefeuille de crédits s’est détériorée dans l’espace UMOA, avec un taux brut de créances en souffrance atteignant 7,9 %, soit 0,3 % de plus qu’au trimestre précédent. Le Bénin compte actuellement un SFD sous administration provisoire (09 au total dans l’espace UMOA), dans le cadre des efforts de la BCEAO pour stabiliser les institutions en difficulté.
Le Bénin, comme le reste de l’UMOA, bénéficie d’une dynamique de croissance positive dans le secteur de la microfinance, avec des augmentations significatives des dépôts et une demande soutenue pour les crédits. Cependant, la gestion des risques de crédit et la qualité du portefeuille de créances constituent des enjeux prioritaires pour assurer la stabilité et la viabilité de ce secteur essentiel à l’inclusion financière.