Gouvernance, Bénin – Le gouvernement béninois s’engage dans une nouvelle dynamique de gestion des finances publiques en adoptant une stratégie visant à réduire progressivement les avantages fiscaux. C’est ce qui ressort de l’édition 2024 du rapport d’évaluation des dépenses fiscales, publié le 3 janvier 2025.
Alors que les chiffres de 2023 font état d’une augmentation notable des exonérations, les prévisions jusqu’en 2028 annoncent une diminution progressive de ces dépenses, dans le but d’optimiser l’orientation des ressources publiques.
Augmentation des exonérations
En 2023, selon le rapport finalisé en décembre 2024, le total des avantages fiscaux accordés par l’État béninois s’est élevé à 186,85 milliards FCFA, soit une augmentation de 6,9 % par rapport à 2022 (174,82 milliards FCFA). Le nombre de mesures fiscales dérogatoires évaluées s’est établi à 192 en 2023, contre 191 en 2022 et respectivement 181, 174 et 159 pour les années 2021, 2020 et 2019, soit une progression d’environ 0,5 % en 2023. Cette hausse s’explique par l’introduction de mesures d’exonération ciblées, notamment les équipements agricoles, les produits alimentaires de première nécessité et les droits de douane sur les véhicules neufs.
Toutefois, dès 2024, une réduction progressive de ces exonérations est prévue. Le rapport anticipe une baisse des dépenses fiscales à 180,9 milliards FCFA en 2024, pour atteindre 160,3 milliards FCFA d’ici 2028, après des prévisions de 174,1 milliards en 2025, 165,7 milliards en 2026 et 165 milliards en 2027. Cette trajectoire traduit la volonté du gouvernement de rationaliser les incitations fiscales tout en continuant à soutenir les secteurs prioritaires.
Secteurs bénéficiaires
En 2023, les exonérations ont principalement profité aux secteurs de la santé, de l’industrie, de l’agriculture, de l’environnement, des infrastructures et de la promotion sociale. Le secteur de la santé (22,7%) a capté une part importante des exonérations, principalement liées à la TVA sur les médicaments et équipements médicaux. L’industrie (22,7%) a également bénéficié d’exonérations de TVA et de droits de douane, de même que l’agriculture (19,8%), bien que sa part ait légèrement baissé par rapport à 2022. Le secteur de l’environnement (12,6%) a vu sa part augmenter en raison des exonérations sur les véhicules neufs dans le cadre de la réduction de la pollution atmosphérique.
Les secteurs des infrastructures (6,1%) et de la promotion sociale (3,5%) ont également vu leurs parts respectives augmenter, bien que modestement. Cette concentration des exonérations dans certains secteurs stratégiques témoigne de l’attention particulière accordée à des domaines jugés essentiels pour le développement durable du pays.
Financement des priorités
La diminution progressive des avantages fiscaux s’inscrit dans une politique globale visant à améliorer la soutenabilité des finances publiques. En limitant les exonérations jugées excessives, le gouvernement ambitionne de dégager des marges budgétaires supplémentaires afin de financer des projets prioritaires, notamment dans les domaines des infrastructures, de l’éducation et de la modernisation des services publics.
En adoptant une approche progressive et ciblée, l’executif semble vouloir éviter tout choc économique brutal, tout en affirmant sa volonté d’instaurer davantage de transparence et d’équité dans le système fiscal. Si cette réforme est bien conduite, elle pourrait à terme renforcer la crédibilité économique du Bénin et améliorer la qualité des services publics grâce à des recettes fiscales plus stables..