Après près de quatre ans d’interruption, les sessions criminelles s’apprêtent à reprendre dans les cours et tribunaux du Bénin. Toutefois, cette reprise, loin d’apporter une lueur d’espoir à tous les accusés, semble accentuer les inégalités au sein du système judiciaire.
Un retour sélectif des sessions criminelles
Des sources fiables nous informent que des instructions ont été données aux chefs de juridiction de n’ouvrir ces sessions qu’aux accusés capables de se payer les services d’un avocat. En d’autres termes, seuls ceux ayant les moyens financiers de se constituer une défense privée bénéficieront d’un procès rapide.
Selon une autorité judiciaire avec laquelle nous avons échangé, cette décision serait liée aux dettes accumulées par l’État béninois envers les avocats commis d’office lors des précédentes sessions criminelles. Malgré toutes les formalités accomplies, ces avocats attendent toujours le règlement de leurs honoraires, laissant l’État dans une situation financièrement délicate.
Une Justice béninoise inéquitable ?
Cette situation soulève des questions fondamentales sur l’équité de la justice au Bénin. La relance des sessions criminelles dans ces conditions crée une justice à deux vitesses. Les accusés ayant les moyens de se payer un avocat privé voient leurs droits respectés, tandis que ceux dépendant des avocats commis d’office restent dans l’attente, leurs droits suspendus.
Cette décision met en lumière un problème structurel majeur : le financement des commissions d’office. Les avocats, indispensables pour garantir une défense équitable, sont souvent dans l’incapacité de travailler efficacement lorsque l’État ne leur verse pas les fonds nécessaires. De plus, cette situation aggrave les inégalités sociales, en accélérant les procès des riches et retardant ceux des pauvres.
Le gouvernement face à ses responsabilités
En adoptant cette approche, le gouvernement béninois risque d’accentuer le fossé entre les différentes classes sociales, créant une justice à deux vitesses. Des réformes structurelles, notamment au niveau du budget national, sont indispensables pour garantir une défense juste et équitable pour tous les accusés, indépendamment de leur situation financière. La reprise des sessions criminelles, bien que nécessaire, doit être accompagnée de mesures garantissant l’accès à la justice pour tous. Le Bénin ne peut se permettre de perpétuer un système où l’argent détermine l’accès à la justice. Seule une action rapide et décisive permettra de restaurer la confiance dans le système judiciaire et d’assurer une justice véritablement équitable pour tous les citoyens.
Mais une question demeure : À combien s’élève la dette de l’État béninois envers les avocats commis d’office ? Les réponses à cette question pourraient bien déterminer l’avenir de la justice au Bénin.