Le 20 juin, le gouvernement de la transition nigerienne a retiré le permis d’exploitation du gisement d’uranium d’Imouraren au groupe français Orano. Cette décision, loin d’être une simple rupture, s’inscrit dans une stratégie soigneusement orchestrée par Niamey pour rappeler son projet de diversification de ses partenariats internationaux et affirmer sa souveraineté.
Une réorientation stratégique majeure
Depuis le coup d’État du 26 juillet 2023, les nouveaux dirigeants nigériens cherchent à redéfinir leurs alliances et le retrait du permis au français Orano semble s’inscrire dans cette dynamique de changement. Le gouvernement de transition, méfiant envers l’ancienne puissance coloniale, a multiplié les signes de rapprochement avec d’autres acteurs mondiaux, notamment la Russie et l’Iran. Cependant, le vrai joker dans cette réorientation géopolitique serait la Chine d’après de sources concordantes. La Société des mines d’Azelik (Somina), en grande partie contrôlée par des intérêts chinois, s’apprête à relancer ses opérations d’extraction d’uranium, suspendues depuis dix ans.
Une rupture soigneusement orchestrée
Le groupe Orano, ex-Areva et détenu à 90 % par l’État français, avait pourtant lancé des travaux préparatoires dès le 4 juin, mobilisant plusieurs dizaines de travailleurs et rouvrant les infrastructures du site d’Imouraren. Cependant, une note du ministère des Mines, datée du 11 juin 2024, avait fixé un ultimatum clair : si les travaux d’exploitation n’avaient pas débuté dans un délai de trois mois après le 19 mars, le permis serait révoqué. Orano, malgré ses efforts, n’a pas convaincu.
Cette décision des autorités nigériennes de la transition n’est pas seulement une question de conformité aux délais, mais aussi une stratégie pour s’émanciper de l’influence française. En retirant le permis à Orano, Niamey envoie un message fort : le Niger entend diversifier ses partenaires et renforcer sa souveraineté économique.
La réaction française mesurée
Du côté français, la décision a été accueillie avec une certaine résignation. Le ministère de l’Économie a rapidement assuré que la sécurité d’approvisionnement de la France n’était pas menacée, soulignant que le gisement d’Imouraren n’était pas critique pour les besoins énergétiques du pays. Orano, pour sa part, a exprimé son intention de contester cette décision devant les instances judiciaires compétentes, tant nationales qu’internationales.
Une nouvelle ère pour le Niger ?
Le retrait du permis d’Orano marque la fin d’une époque et le début d’une nouvelle ère pour le Niger. Ce pays, autrefois sous l’influence directe de la France, s’oriente désormais vers une autonomie stratégique. En écartant Orano, Niamey affirme sa volonté de diversifier ses alliances et de se tourner vers de nouveaux partenaires.
Cette transition, bien que pleine d’incertitudes, offre au Niger une opportunité unique de redessiner son avenir économique et géopolitique. La manœuvre pour écarter Orano pourrait être le prélude à une série de nouvelles collaborations, marquant un tournant décisif dans l’histoire moderne du Niger. Le gisement d’Imouraren, symbole de l’ancienne coopération franco-nigérienne, devient ainsi le théâtre d’une compétition internationale où la Chine pourrait jouer un rôle clé.
Quid de la mine d’uranium de Tamgak, exploitée en ce moment par Orano?