Les relations entre le Niger et le Bénin, autrefois symboles d’une coopération commerciale fructueuse, sont aujourd’hui marquées par des tensions profondes. Le coup d’État du 26 juillet à Niamey a engendré une crise diplomatique qui perturbe gravement les échanges économiques entre les deux nations. Malgré la réouverture de la frontière béninoise, le Niger maintient la sienne fermée, invoquant des préoccupations sécuritaires et le soutien du Bénin à une intervention militaire de la CEDEAO. Cette impasse a des répercussions directes et dévastatrices sur le Port Autonome de Cotonou, un acteur clé du commerce régional.
Lors de leur intervention hier dimanche sur BIP Radio, Bart Van Eenoo, directeur général du Port Autonome de Cotonou, et Kristof Van den Branden, directeur commercial et marketing, ont dévoilé les chiffres préoccupants de cette crise. Depuis le début des tensions, le port a enregistré une chute de son chiffre d’affaires de 10 à 15 %. Le flux de navires a également diminué, passant de 95-100 navires par mois avant la crise à seulement 70-80 navires actuellement. Cette baisse d’activité reflète l’impact direct de la fermeture de la frontière nigérienne sur les opérations portuaires.
Une crise aux multiples facettes
Le port de Cotonou, vital pour le commerce du Bénin et de la sous-région, est au cœur des échanges avec les pays de l’hinterland, dont le Niger est un partenaire majeur. La fermeture de la frontière nigérienne a créé des goulots d’étranglement dans le transit des marchandises, perturbant les chaînes d’approvisionnement et menaçant la stabilité économique de la région. Le blocage des flux commerciaux entre le Bénin et le Niger exacerbe les difficultés économiques déjà présentes, ajoutant une pression supplémentaire sur les entreprises locales et régionales.
En réponse à cette situation, les autorités du Port Autonome de Cotonou ont mis en place des stratégies pour minimiser les impacts négatifs. Lors de cet entretien Kristof Van den Branden a souligné l’ouverture récente du poste frontalier de Segbana-Nigeria comme une initiative cruciale. Cet accord, conclu le 21 mai 2024 entre le Bénin et le Niger, permet aux marchandises arrivant au port de Cotonou de transiter par le nord du Nigeria pour atteindre le Niger. Bien que cette solution apporte un certain répit, elle ne remplace pas la nécessité d’une réouverture complète des frontières pour rétablir les flux commerciaux normaux.
Un appel à la diplomatie
Les interventions de Bart Van Eenoo et Kristof Van den Branden mettent en exergue les défis immenses auxquels le Bénin et la région sont confrontés. La crise actuelle souligne l’urgence d’une résolution diplomatique rapide et efficace pour restaurer la coopération économique. Une normalisation des relations entre le Niger et le Bénin est essentielle non seulement pour le port de Cotonou, mais aussi pour la stabilité et la prospérité de toute la région ouest-africaine.
En somme, la crise diplomatique entre le Niger et le Bénin est un rappel poignant de l’importance des relations bilatérales stables pour le commerce et le développement régional. Le port de Cotonou, en tant que plaque tournante du commerce, souffre des répercussions directes de cette situation, et la recherche de solutions durables devient impérative pour assurer un avenir prospère aux deux nations.